Un uppercut de plus. Un ! Pourtant, le combattant devenu poids plume sur le ring politique, couvert de bleus, est toujours debout. Selon ses supporters, il n’est pas encore K.-O. Pour ses détracteurs, autre son de cloche : les Joes, c’est une team de moribonds qui ne tiendra pas encore un round. Depuis que le PMSD a quitté l’alliance gouvernementale dans le sillage du Prosecution Commission Bill (PCB), le temps n’est plus à la fête. Après la démission de son président, Ramalingum Maistry, et de deux de ses élus, Marie-Claire Monty, d’abord et, cette semaine, Alain Wong, ça sent le roussi chez la bande de Xavier-Luc Duval. D’autres démissions sont à prévoir dans les régionales, l’électorat du parti est mécontent et la base des bleus s’effondre, apprend-on. Néanmoins, au PMSD, on dit ne pas s’inquiéter : le parti va bien.
Les départs ? Une bonne chose, estime Yannick Cornet qui a démissionné de son poste de chairman du Mauritius Heritage Council suivant le move de son leader : «On saura qui sont les vrais.» L’homme de terrain, qui officie dans la circonscription d’Alain Wong (Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest), confie : «Alain avait la grosse tête. Son départ est une surprise mais on voyait bien qu’il était plus orange que bleu.» Une amitié brisée qui fait mal. «Une trahison intime», affirme un autre membre des Joes. Yannick Cornet estime que le plus important, ce sont ceux qui restent. «Ceux qui ont envie de travailler pour le progrès du pays, qui ont compris que le PCB était un danger.» Le message du leader (le PMSD en tant que sauveur de la démocratie) est bien passé.
Un message erroné, estime néanmoins l’ancien président du parti, Ramalingum Maistry, premier démissionnaire en décembre 2016 : «Il a joué sur l’émotion. Il a voulu faire peur.» Il prévoit une vague de démissions dans les différentes collectivités régionales du pays : «Xavier a déçu.» Celui qui incarnait l’espoir, le renouveau, a fait un «suicide politique». Si sa vision des choses n’est pas sans parti pris, elle ne serait pas complètement erronée. Une fidèle des Bleus a plus ou moins le même discours : «Je ne vais pas quitter le PMSD mais je suis déçue.»
Désormais, le but, c’est de consolider le parti et de se préparer pour les prochaines législatives «sans Navin Ramgoolam», précise-t-elle. Les fidèles de Xavier-Luc Duval crient, eux, haut et fort leur appartenance au PMSD. Et font beaucoup de bruit pour couvrir celui de la débâcle du PMSD, estime un député du MSM. «C’est une bande de roder bout. Ils vont vite tenter de nous rejoindre.» Dans une émission à Radio Plus, Dan Baboo et Aurore Perraudont, eux, allégué que le MSM proposait des cash prizes pour faire revenir l’ancien ministre de la Culture au gouvernement.
Si le MSM dément, les Bleus sont au courant, disent-ils, des tentatives du parti de Pravind Jugnauth de déstabiliser la bande à Duval. Néanmoins, les départs, c’est fini.«Il n’y aura plus de démission de député chez les Bleus. Par contre, du côté du MSM, la question est posée», lance Yannick Cornet. Pour lui, avec le remaniement ministériel et la nécessité d’offrir des maroquins aux nouveaux venus, il risque bien d’y avoir des mécontents. Lui n’a pas de doute que le PMSD sortira gagnant du combat actuel. Les adversaires des Joes ne sont, eux, pas de cet avis.
Une démission, des allégations et des réponses
Alain Wong démissionne et fait part d’humiliations pour justifier sa décision de quitter le PMSD. Sera-t-il reconduit à un ministère lors du remaniement ministériel prévu par le Premier ministre ? Le parti des Bleus est en émoi et le leader, Xavier-Luc Duval, estime que son ancien ami ne pouvait se passer de ses «avantages» de ministre.
Xavier-Luc Duval persiste et signe lors d’une conférence de presse en fin de semaine. Et fait de graves allégations (déjà faites par ses députés Dan Baboo et Aurore Perraud) : on tenterait d’acheter ses élus pour qu’ils rejoignent les rangs du gouvernement.
Pravind Jugnauth répond aux allégations des Bleus, lors de l’inauguration de la salle des fêtes du Plaza. Le ministre des Finances conseille à son ancien allié de faire une déposition à la police.