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Décès de Mathieu Leveque, 14 ans, en classe : Tristesse et révolte d’un père en quête de vérité

Jean Michel et sa mère Jacqueline sont inconsolables depuis le décès tragique de Mathieu en classe.

Jean Michel Leveque est d’avis que son fils serait peut-être encore en vie s’il avait reçu les soins nécessaires après avoir fait un malaise cardiaque en classe. Mathieu, 14 ans, est décédé environ 45 minutes plus tard. C’est le temps qu’aurait mis le SAMU, selon son père, à arriver sur place. Il a consigné une déposition à la police dans laquelle il dénonce cette intervention «tardive». Il a également adressé une plainte en écrit au ministre de la Santé.
 

Il semble écrasé par le poids de quelque chose de trop grand, trop lourd pour lui à porter. À 42 ans seulement, Jean Michel Leveque paraît beaucoup plus que son âge tant son visage est marqué par la tragédie qui se joue actuellement dans sa vie. Qui lui est tombé dessus d’un coup sans crier gare. À côté de lui, sa mère Jacqueline, 70 ans, les traits tirés, le regard vide, est tout aussi choquée. Cette semaine, ces habitants de Morcellement Raffray, Terre-Rouge, ont organisé les funérailles de Mathieu, 14 ans, leur fils et petit-fils. L’adolescent, élève au collège Père Laval, à Sainte-Croix, est décédé en pleine classe, le mercredi 19 septembre, après un malaise cardiaque.

 

Famille, amis, camarades de classe, enseignants, voisins étaient venus nombreux pour rendre un dernier hommage au jeune homme parti bien trop tôt. Chagrin, choc, impuissance se lisaient sur les visages lors de la cérémonie en l’église de Père-Laval et au cimetière de Bois-Marchard où il a été incinéré. Mais il y avait aussi de la colère, de la révolte, des interrogations. Mathieu aurait-il pu être sauvé si l’ambulance du SAMU était arrivée à temps ? Jean Michel Leveque pense que oui. «Le SAMU a trop tardé ce jour-là. Il a mis plus de 45 minutes à arriver sur place. S’il était arrivé rapidement, mon fils serait peut-être encore parmi nous. J’ai perdu mon enfant bêtement. Je n’arrive toujours pas à réaliser que Mathieu n’est plus. Sa mort est un terrible choc pour nous», regrette ce papa qui s’est lancé dans une quête de justice.

 

Dans la matinée du vendredi 21 septembre, Jean Michel a consigné une déposition au poste de police d’Abercrombie dans laquelle il dénonce l’intervention tardive du SAMU. Le même jour, il a adressé une lettre par voie postale au ministre de la Santé dans laquelle il fait part de son mécontentement. Dans sa missive, il lance également un appel au ministère de la Santé pour un meilleur service du personnel du SAMU. Du côté du ministère de tutelle, on assure que l’ambulance est arrivée sur place très vite, soit 12 minutes après, et que l’enfant était déjà décédé (voir la version détaillée en hors-texte). Ce que conteste le père qui avance que le certificat de décès, délivré après autopsie, indique que le décès est survenu 45 minutes après le malaise. Selon le rapport médical, il est décédé d’une «left venticular failure», soit un arrêt cardiaque.

 

Pour nous aider à mieux comprendre, Jean Michel Leveque revient sur le drame qui a bouleversé sa vie ainsi que celle de toute sa famille. Ce jour-là, ce chauffeur de profession est au travail, à Grand-Baie, lorsqu’il reçoit un appel d’un membre du personnel du collège Père-Laval vers 13h36. On l’informe que son fils Mathieu, qui souffre d’anémie, a fait un malaise vers 13h30 – l’adolescent avait déjà fait deux précédents malaises dans le passé mais dans les deux cas, il s’en était sorti. Jean Michel Leveque enfourche tout de suite sa motocyclette pour se rendre à Sainte-Croix où se trouve l’établissement. Il arrive sur les lieux, dit-il, à 14h20.

 

Et là, il apprend qu’une ambulance du SAMU vient d’arriver alors que ce service d’urgence a été alerté tout de suite après le malaise de Mathieu : «J’estime que l’ambulance, qui sortait de Port-Louis, a trop tardé. Je suis sorti de Grand-Baie à moto et je suis arrivé à Sainte-Croix seulement quelques minutes après elle.» Selon Jean Michel, la direction du collège aurait sollicité une ambulance d’une clinique du privé si elle avait su que le SAMU allait mettre autant de temps à intervenir.

 

Mathieu Leveque, qui allait avoir 15 ans le 1er janvier prochain, était en Form III. Il était l’aîné de sa famille. Ses parents sont divorcés et depuis, il vit avec son père ainsi que son frère de 7 ans et sa sœur de 12 ans, nés de cette première union. Il a aussi une autre petite sœur d’un an et demi, née de la deuxième union de son père.

 

«Anémique»

 

Tous le décrivent comme un «bon enfant». «On n’a jamais eu de problème avec lui, au collège, car il travaillait très bien», confie sa grand-mère Jacqueline. Par contre, au niveau de la santé, il avait quelques ennuis, dit-elle, depuis 2014. «Il est tombé sans connaissance à la maison. Il a dû être hospitalisé. Un médecin nous a dit par la suite qu’il était anémique», souligne Jean Michel.

 

Mais au-delà de ça, Mathieu allait plutôt bien, selon son père, et menait une vie normale. Comme beaucoup d’adolescents, il était accro aux jeux sur smartphones. «Il passait beaucoup de temps sur son portable», dit sa grand-mère. Elle ajoute que c’était un garçon calme, tranquille, qui n’aimait pas trop sortir : «Li ti sorti zis pou al lekol.» En juillet, Mathieu avait fait un autre malaise alors qu’il était au collège.

 

Ce jour-là, la direction de l’établissement avait fait appel à une ambulance du SAMU pour le transporter à l’hôpital. «J’étais à la maison quand l’école m’en a informé. Quand je suis arrivé sur place, l’ambulance était déjà là. Mon fils a passé une nuit à l’hôpital avant d’être autorisé à rentrer à la maison, le lendemain. Le personnel médical a effectué plusieurs examens qui ont confirmé son anémie. Il a ensuite dû suivre un traitement à base de médicaments et de vitamines», explique Jean Michel.

 

Peu après, Yvette, la maman de Mathieu, l’a emmené voir un médecin du privé. Ce dernier lui a également fait subir plusieurs examens mais «n’a rien trouvé de grave», confie Jean Michel. Hélas, son troisième malaise, le mercredi 19 septembre, lui a été fatal. «Ziska ler nou pa krwar ki Mathieu inn mor. Enn sok terib pou nou sa. Li bien tris ki monn perdi mo zanfan koumsa», regrette amèrement Jean Michel. La vie, il le sait, ne sera plus jamais la même sans son fils aîné, parti trop tôt.

 


 

Une source proche du ministre de la Santé : «Le SAMU est intervenu  très vite»

 

Nous avons sollicité une version de l’institution de tutelle sur ce triste cas. Un  proche collaborateur du ministre de la Santé nous a expliqué qu’une enquête allait bientôt démarrer. Notre source précise, tout de même, que le SAMU ne peut pas être montré du doigt dans cette affaire : «Le SAMU est intervenu très vite. La control room, à Candos, a reçu un appel vers 13h38. À 13h42, une ambulance du SAMU a quitté l’hôpital Jeetoo. À 13h54, elle est arrivée à Sainte-Croix, soit 12 minutes plus tard. L’adolescent était déjà décédé. Le personnel a tenté de le réanimer. Cela a duré entre 15 à 20 minutes. Hélas, son cœur n’a pas repris car il n’a pas reçu les premiers soins dans les cinq premières minutes suivant son infarctus.» L’enquête de la police et du ministère devraient faire la lumière sur cette affaire aux versions contradictoires. La direction du collège Père Laval, elle, n’a pas souhaité commenter le sujet.