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Damon Duchenne : «Il y a des jeunes issus des cités qui arrivent à briller»

Une famille comblée

La liste des nouveaux boursiers de l’État a été dévoilée. Vingt-quatre jeunes ont ainsi été retenus selon le critère «Merit & Social». Parmi : Damon Duchenne, 18 ans, habitant de Roche-Bois et ex-étudiant au collège John Kennedy de la filière Économie. Ce jeune qui, contrairement à beaucoup de cette liste qui choisissent de rester à Maurice pour leurs études, s’envolera pour sa part, pour les États-Unis le 20 juillet. Il nous confie son bonheur d’avoir eu cette bourse et nous parle de ses ambitions. 

Ça fait quoi de recevoir une bourse ?

 

J’attends cette nouvelle depuis longtemps. À tel point que j’ai cru à un certain moment qu’il n’y allait pas avoir de bourses sur les bases «Merit & Social» cette année. J’ai reçu ma lettre d’offre d’une université américaine. Je me suis inscrit pour faire des études en Relations internationales à l’université de Pennsylvanie.  Et la bourse que je reçois vient s’ajouter à mon bonheur de m’envoler bientôt pour les états-Unis le 20 juillet prochain. 

 

Les études aux États-Unis coûtent cher… Comment allez-vous faire avec votre bourse (selon les critères «Merit & Social») qui risque de ne pas couvrir tous les frais ? 

 

L’université que j’ai choisie m’a également offert une bourse. Voilà un petit moment déjà que je sais que l’institution va financer une grande partie de mes études. Il nous restait à réunir l’autre partie de la somme qui manquait. La bourse vient soulager ma famille de cette dépense. On allait solliciter l’aide de la famille et là, la bourse selon le critère «Merit & Social» tombe bien car il nous faut régler durant le mois de juillet. 

 

Est-ce une bonne chose d’avoir une bourse basée sur les critères «Merit & Social» ?

 

Cette bourse offre une somme ne dépassant pas Rs 300 000 par an si un étudiant décide d’aller à l’étranger pour poursuivre ses études. Ce n’est vraiment pas suffisant. Je m’estime chanceux d’avoir eu la chance d’avoir reçu une autre bourse auprès de l’université où j’ai postulé. La bourse sur les bases du «Merit & Social» est évidemment une bonne chose pour les étudiants qui ont du potentiel mais qui n’ont pas forcément les moyens d’envisager des études supérieures. Toutefois, hélas, certains jeunes se retrouvent à opter pour des choix d’études par rapport à la somme qui est allouée par la bourse. Par exemple, si quelqu’un veut aller étudier aux USA où ça coûte Rs 2,7 millions par an, il ne pourra pas y aller faute de moyens. Et c’est le cas pour plusieurs pays où étudier coûte très cher. Ce qui est très regrettable. Je peux vous dire qu’il y a beaucoup de jeunes qui doivent faire face à cette situation.

 

Est-ce que vous pensez mériter cette bourse ?

 

Cette bourse ne m’a pas été octroyée comme ça. Il y a une enquête qui a été faite au niveau de la sécurité sociale. Pour ma part, j’estime que ma famille répond parfaitement aux critères exigés pour l’obtention de cette bourse. Ma mère Jennifer tient un snack et mon père Ramon est à la recherche d’un emploi. Si je n’avais pas reçu la bourse pour les Etats-Unis, j’allais devoir me contenter de la bourse mauricienne. Même si Rs 300 000, ce n’est pas beaucoup, cette somme permet de faire des études. C’est possible en Afrique du Sud ou encore en Malaisie par exemple. Certes, j’aurais dû alors revoir mes ambitions. Dans mon cas, c’était une option qui était tout à fait envisageable. 

 

Et pourquoi ne pas avoir choisi l’université de Maurice pour poursuivre vos études ? 

 

J’ai eu l’occasion de faire un voyage aux Etats-Unis l’année dernière dans le cadre du Youth Leadership Programme initié par Barack Obama. Je faisais partie d’un groupe de quatre Mauriciens qui avaient fait le déplacement. Tout était payé et on avait pu visiter quelques universités. C’est à ce moment-là que l’envie d’étudier aux Etats-Unis est né. J’ai voulu croire que cela était possible et, par chance ou je-ne-sais-quoi, c’est arrivé. J’ai eu deux bourses qui me permettent de réaliser mon rêve. 

 

Pourquoi des études en relations internationales ?

 

J’ai déjà participé à un concours d’essay international sur la diplomatie, la loi et la politique avec l’université de Londres.  À l’issue de la compétition, je suis sorti 1er à Maurice et 2e en Afrique. Au début, je n’étais pas du tout sûr de moi et de mes aptitudes mais quand j’ai appris que j’étais 2e en Afrique et que le 1er étudie à Harvard, je me suis dit que j’avais peut-être le potentiel de me tourner dans ce domaine. Cela m’a motivé à m’orienter vers les relations internationales qui m’intéressent beaucoup. Dans les universités américaines, un étudiant se voit dans l’obligation d’étudier sept domaines différents. Par exemple, moi, je vais devoir étudier les sciences, la littérature, le théâtre, bien que je n’ai jamais étudié cela. Je ne peux que sortir grandi et gagnant de cette opportunité.  Dans un deuxième temps, j’ai aussi l’ambition de faire un master en Public Policy ou enInternational Governance.

 

Dans quel domaine voulez-vous travailler après vos études ?

 

Je me vois travailler pour des organisations humanitaires et internationales comme l’ONU ou encore l’UNESCO. Je me passionne pour tout ce qui touche à ces organisations. Si par exemple, il faut faire face demain à une épidémie, ce ne sera pas uniquement les médecins qui auront à gérer la situation. Des diplomates, par exemple, devront aussi être partie prenante des décisions liées à la situation.    

 

Quel est votre avis sur notre système éducatif  ?

 

Pour réussir, je pense qu’il faut donner beaucoup de soi-même. J’ai fait du travail personnel et je pense que je dois aussi ma réussite aux leçons particulières.

 

Parce que vous estimez qu’il y a des failles dans notre système éducatif ?

 

Je ne veux dénigrer personne mais je me pose juste une question : combien de profs dans nos collèges ont eu des  A ou des A+ dans les matières qu’ils enseignent ? Je connais quelqu’un, un prof qui avait eu un D dans la matière qu’il enseigne aujourd’hui. Je me suis tout le temps demandé : comment peut-il prétendre faire qu’un élève obtienne un A+. Je pense qu’il faudrait faire unquality assessment. Si on prenait quelques profs dans nos collèges et qu’on leur demande de prendre part en même temps que les élèves aux examens du HSC, croyez-vous qu’ils auront des A+ ? Moi, j’ai des doutes. Je suis pour un meilleur training de nos enseignants. Il faudrait qu’ils passent régulièrement par des phases de remise à niveau.

 

Vous pensez-quoi des stéréotypes qui collent à ceux qui issus de cités ?

 

Il y a des jeunes issus des cités qui arrivent à briller. Ce sont des jeunes qui viennent des familles qui ont compris que tout dans la vie passe dans l’éducation. Il y a certes des exceptions mais dans bien des cas, ce qui est dit est vrai. C’est la réalité. Il y a des gens qui se droguent, il y a des enfants et des adolescents qui ne vont pas à l’école.  C’est aux gens d’emmener les changements. Ils doivent changer eux-mêmes. Ce n’est qu’alors qu’il n’y aura plus de stéréotypes. La faute à qui ? Les parents ! Les parents ne sont pas allés à l’école, les parents sont drogués et ce qui s’est passé pour eux, se répète pour les enfants.