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«Chasing Love» de Jason Heerah : Dans les coulisses d’un tournage…

Allez, on vous embarque pour une petite visite dans un monde à part : celui de la réalisation d’un clip…

Arrêt sur image. Clignement des yeux : le cliché visuel pourrait être parfait. Devant le Château de Labourdonnais, avec sa façade d’époque et son âme aux histoires murmurées, deux enfants jouent. Rien de plus banal… si on faisait l’impasse sur les costumes. D’un côté, Sarah, fille de châtelain, robe d’époque et fleurs dans les cheveux. De l’autre, Nathan, en vêtements d’esclaves, pieds nus. Le voyage dans le temps est presque brutal. Lourd de sens et d’errances de l’esprit (là où va l’imagination). Mais le silence qui s’est éclipsé comme le soleil, en ce début de soirée, fait s’effacer le temps qui a filé en arrière. Le bruit des générateurs envahit l’espace. Derrière les appareils sophistiqués et les projecteurs (d’où émane une chaleur intense qui fait onduler la vue sur le château), les conversations se poursuivent comme un souffle d’orage assourdissant.

 

Dans son porte-voix, Dam Nayna, réalisateur qui bosse avec l’équipe d’AVS Production, donne ses instructions, appelle au calme, et puis lance «Action» ! Les «parents» des deux enfants débarquent, ainsi que Jason Heerah, le chanteur d’origine mauricienne qui a brillé dans l’émission X-Factoren Australie. Il remue les lèvres, comme pour mimer une de ses chansons (la musique, elle, sera ajoutée au moment du montage). Costume trois-pièces, dreadset lunettes de soleil, il est la star de ce tournage. D’ailleurs, c’est le vidéo-clip de sa chanson Chasing Love qui est tourné en ce mercredi 12 octobre (c’est le deuxième jour de tournage). L’artiste, qu’on retrouve en duo avec Zulu sur la chanson Seggae Paradise et qui a sorti son premier album il y a quelque temps, est à l’aise face aux caméras… 

 

Dans le jardin, à l’ombre d’un arbre centenaire, aux branches et aux racines volumineuses et envahissantes, cette scène sera rejouée plusieurs fois pour atteindre la perfection. Des coupures et des reprises que vous ne verrez pas lors de sa diffusion. C’est la règle sur un tournage : lumière, cadrage, placement des acteurs, tout doit être minutieusement inspecté. Un long travail de patience pour quelques secondes d’images. Ça prend du temps ! Mais aussi du matériel – des caméras, un régulateur de lumière, des engins de close-up, entre autres – dont vous ne devinerez même pas la présence en visionnant ce clip, une fois toutes les étapes de montage réalisées. Et cette vidéo devrait connaître un rayonnement international : trop cool ! C’est le label musical indépendant basé à Maurice, Island Music Label (IML), qui a proposé cette collaboration à Jason Heerah. «C’est en écoutant la chanson que j’ai vu cette histoire se dessiner»,confie Damien Ng Tat Chung, chargé de la direction d’IML.

 

Un scénario qui a plu au chanteur qui n’a pas hésité à s’offrir un tournage dans son île de cœur. «Je suis très content d’être là. Nous faisons un travail formidable ici», lance-t-il dans son créole à l’accent australien. Il a certainement aimé cette idée de remonter dans le temps et d’imaginer l’île Maurice colonisée faisant appel aux esclaves et aux travailleurs engagés. Là, dans ce décor planté, il s’est laissé porter par l’amitié entre une fille de propriétaire terrien et un fils d’esclave pour bousculer les conventions et faire fleurir quelque chose de beau et de réparateur. Où intervient-il ? Partout ! Parfois vieux, parfois jeune, il remonte le temps et le dévie pour devenir conteur d’un songe familial qui pourrait être le sien. Des champs de cannes au château, en passant par la chapelle présente sur le domaine de Labourdonnais, l’histoire se dévoile et lui avec…

 

Sans accroc

 

Et pour que tout se passe sans accroc (ou que s’il y en a un, il soit gérable), il faut une équipe qui œuvre dans les coulisses. Parmi, Frédéric Chavry, régisseur pour ce tournage : «Tout commence par une idée, celle de Damien, ici. Ensuite, il y a des propositions, des partages et beaucoup de travail… et nous sommes là.»Montage du storyboard, rédaction des contrats pour les différentes personnes impliquées dans le tournage, casting des acteurs et des figurants, recherche de costumes et du lieu parfait, négociations des contrats de distribution et gestion de toute la paperasserie administrative… Avant même de tourner la première scène, c’est du boulot : «Toute cette aventure est possible grâce au travail d’équipe. Et c’en est une belle : avec des rencontres, des partages. Certains ont plus d’expérience que d’autres et tout le monde s’entraide.»

 

Effectivement, alors que l’équipe technique se prépare à filmer une autre scène, quelques acteurs prennent une petite collation dans une sympathique ambiance. On chante, on rit, on se charrie : quelques heures de tournage ont suffi pour nouer des liens qui n’existaient pas ou pour approfondir ceux qui étaient déjà là. Pour la plupart d’entre eux, c’est une première, un baptême du feu quoi (voir hors-texte). La veille, c’est dans les champs de cannes, en plein soleil, qu’ils ont joué à être quelqu’un d’autre. 

 

Ils découvrent leurs scènes au quotidien, avancent au feeling. Il n’y a pas d’ordre précis pour les tournages, confie le régisseur. Réaliser un planning n’est pas chose aisée : «Certains travaillent, certains ont d’autres obligations, c’est Maurice ! Alors, on s’y fait, on s’adapte et on essaie de faire au mieux.»Et quand il faut profiter de la lumière naturelle – ce qui laisse un laps de temps assez court –, fuir la pluie et les caprices de Dame Nature, il faut bien un Frédéric lor baz.

 

Justement, on le demande ! Il faut vite changer de lieu de shoot. Ça s’excite, on se crie des choses/des instructions et toute la petite équipe se dirige vers la chapelle. Jeunes hommes en jeans et T-shirts noirs et damoiselles en robes d’époque dans un sentier arboré, où les oiseaux entament leur dernière tournée avant la nuit. Arrêt sur image, clignement des yeux : l’image est anachroniquement parfaite !

 


 

Paroles d’acteurs…

 

Profitant d’une petite pause, nous avons chopé certains des acteurs présents autour d’une table de rafraîchissements…

 

Ursula Lareine, animatrice à la MBC - esclave : «C’est maritop ! Une belle expérience. Quand je vois les équipes mobilisées, tout le matériel nécessaire, je me dis que c’est du lourd. Je ne pensais pas qu’il fallait mobiliser autant de ressources pour réaliser un vidéo-clip.»

 

Jason Lily, chanteur, blogueur et…blagueur – papa esclave : «Et maintenant comédien ! Le plus difficile, c’était d’être dans les champs, c’était de couper les cannes. Je n’ai pas fait semblant, hein. C’était super physique. Je me suis même blessé. Regardez, regardez (il montre des griffures sur l’avant de ses bras).»

 

Mélanie Gelée, travaille dans le marketing – employée de maison : «C’est mon premier tournage et j’ai adoré l’interaction entre les acteurs et l’entraide. C’est une belle aventure humaine.»

 

Guilhem Florigny, Lecturerà l’Université de Maurice – esclave : «Se mettre dans la peau du personnage : quelle aventure ! J’ai dû courir à travers les champs avec une chaîne et un boulet – en plastique, bien sûr – accrochés à ma cheville. Et c’était dur, même si c’était pour de faux ! Et je me dis que les esclaves le faisaient dans des conditions encore plus atroces…»

 


 

Island Music Label : un label d’ici et d’ailleurs

Accompagner les artistes dans tous les domaines (artistique, promotionnel et juridique), manager leur carrière et faire éclore des talents peu connus ou inconnus ; c’est la mélodieuse mission d’Island Music Label (IML). Lancé par Damien Ng Tat Chung, épaulé de son épouse, Morgane, cette société indépendante a la musique à cœur. «Rock, musique classique ou encore folklore traditionnel, qu’importe, la passion est le carburant principal à défaut de rouler sur l’or», peut-on lire sur leur site Internet que vous pouvez découvrir à l’adresse suivante : http://islandmusiclabel.wixsite.com/islandmusiclabel.