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Changement à la tête du Zimbabwe : Des Mauriciens racontent leurs années Mugabe

Odile Labat et son époux possédaient des terres à Hippo Valley.

Alors qu’un nouveau président a succédé à l’impopulaire Robert Mugabe, qui a démissionné à la tête du Zimbabwe après 37 ans au pouvoir, des Mauriciens qui ont connu les années Mugabe témoignent. Entre nostalgie, colère et espoir…

«J’ai un mixed feeling... » Odile Labat est partagée. Plus que jamais, son cœur est tourné vers le Zimbabwe, ce pays qui se retrouve actuellement sous les feux des projecteurs après la chute de Robert Mugabe, le plus vieux chef d’État qui était encore en exercice à 93 ans. L’ancien président très contesté, car il est décrit comme celui qui a appauvri la population, a démissionné, le mardi 21 novembre, après 37 ans au pouvoir. 

 

Le Zimbabwe est plongé depuis le début des années 2000 dans une crise économique et financière catastrophique qui n’a fait que nourrir la colère de la population contre le régime. Odile Labat, en sait quelque chose. Elle fait partie des Mauriciens qui ont été témoins de violence, dont les fermes ont été assiégées et qui ont dû rentrer à Maurice après avoir été dépossédés de leurs terres. 

 

«Un sentiment mitigé. Certes, je suis contente et soulagée pour la population, mais je pleure ce que Mugabe a détruit. Il nous a séparés de nos terres et de notre famille», nous confie Odile Labat qui suit de très près tout ce qui se passe actuellement dans ce pays, où elle a tellement de souvenirs. 

 

Après avoir résisté pendant plusieurs jours aux pressions des militaires, de son parti – la Zanu-PF –, et de la rue, Robert Mugabe a fini par capituler, mardi, en présentant sa démission, sous la menace d’une procédure de destitution devant le Parlement. Le nouveau président du Zimbabwe, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, a prêté serment, le vendredi 24 novembre, devant plusieurs milliers de personnes réunies dans un stade, à Harare, la capitale du pays. «C’est difficile de se réjouir quand on voit qui le remplace ! Mais on va lui laisser un peu de temps. Un miracle est toujours possible», poursuit Odile Labat qui ira bientôt retrouver les siens là-bas pour fêter Noël : «On y va très régulièrement.»

 

Un lien définitivement très fort existe entre elle et cette terre où elle a écrit une grande partie de son histoire. C’est en 1962 que son père René Leclézio a quitté Maurice pour prendre de l’emploi à Hippo Valley. L’année suivante, Odile en compagnie de sa mère Yolande, sa sœur Catherine, aujourd’hui 53 ans, et ses deux frères – René, 51 ans, et Noël, 50 ans – sont partis le rejoindre. En 1964, elle a rencontré Jeannot qui est devenu son époux, quatre ans plus tard. Si les récents événements l’interpellent, c’est surtout parce que c’est au Zimbabwe qu’Odile Labat a construit sa vie. 

 

Son histoire

 

C’est en 1975 que son époux et elle ont pu acquérir des terrains à Hippo Valley pour la culture et c’est aussi là-bas, que sa famille s’est agrandie avec Nathalie, Bénédicte et Thierry. Mais au début de l’année 2000, les choses sont devenues dangereuses. Intimidations, menaces et scènes de violence se sont alors invitées dans leur quotidien, jusqu’à ce triste jour, du 25 octobre 2006 où 12 militaires armés sont venus frapper à leur porte pour les sommer de quitter les lieux. L’évacuation a été tellement rapide que la petite famille a dû laisser derrière elle beaucoup de ses effets personnels. 

 

Avec les derniers développements politiques, c’est difficile pour Odile de ne pas penser à tous ces moments difficiles ce qu’elle a vécus avec ses proches. 

 

Les mêmes sentiments animent Robert Brown, autre Mauricien qui, en 2002, «a perdu tout ce sa famille avait construit pendant 50 ans» à cause de la politique de Mugabe. Dès qu’on évoque le sujet Zimbabwe avec lui, il est comme submergé par un tourbillon d’émotions : «Je suis enchanté de le voir partir mais j’ai peu d’espoir par rapport au sort du pays… » Il se souvient du Mugabe, qu’on avait «admiré» parce qu’il a combattu, précise-t-il, le communalisme : «Au tout début, tout allait bien puis c’est parti de travers. Il a commis des crimes, des massacres que personne ne pourra oublier. Au fil des années, il était devenu un parasite qui suçait le sang du peuple.» 

 

S’il comprend, dit-il, la liesse populaire provoquée par le départ de Mugabe, il n’a  cependant pas l’esprit tranquille quant à l’avenir du pays : «Le nouveau président a travaillé avec Mugabe. Ils ont ruiné ce pays ensemble. À moins qu’il passe par une conversion à la St-Paul, je me dit qu’il y a peu d’espoir pour les Zimbabwéens…» Mais en attendant les prochains mois et dans l’attente d’un redressement de la situation, il ne peut que se joindre à ses frères et sœurs du Zimbabwe qui, comme lui, souhaitent ardemment, que le pays renaisse de ses cendres…

 

Les promesses du nouveau président

 

Le nouveau chef d’État du Zimbabwe a prêté serment dans le stade national d’Harare. Les attentes sont nombreuses depuis qu’il a pris le pouvoir. Dans un pays qui sort ruiné de l’ère Mugabe, les 16 millions de Zimbabwéens aspirent à une nouvelle vie. Le président, de son côté, a promis des réformes. C’est un discours rassurant et consensuel qu’a prononcé le nouveau président zimbabwéen, vendredi, devant plus de 60 000 personnes, euphoriques. À la majorité de la population pauvre et sans emploi, il a promis de relancer l’économie en s’attaquant à la corruption, en faisant revenir les investisseurs et en créant des emplois.