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Chagos : What’s up Britain ?

Yeah, man ! La patience est une vertu. Cette semaine, les Britishen ont demandé un rabe au gouvernement mauricien qui a dû capituler. Alors à vos cups of tea– il faudra en avaler des sachets bien infusés et des dilo kanal– afin d’attendre la décision du gouvernement britannique concernant l’ultimatumde sir Anerood Jugnauth.

 

Les autorités britanniques avaient jusqu’au 30 juin pour donner une réponse au gouvernement mauricien concernant la souveraineté des Chagos. Mais la deadlineétait visiblement bien trop tight (oui, 40 ans et des poussières, ce n’est pas suffisant pour se préparer et se décider). Malgré un communiqué conjointdes Britanniques et des Américains sur la question (dont le ton et les menaces ont été condamnés à Maurice), le Premier ministre a donné un peu de mou.

 

Il l’a déclaré à l’occasion de la célébration du 240e anniversaire des États-Unis à l’ambassade américaine, cette semaine : «Le haut-commissaire britannique m’a dit aujourd’hui que le Premier ministre anglais a demandé quelques jours parce qu’il était pris avec le Brexit. Il a aussi dit que l’on pourrait trouver une solution à l’amiable et j’ai dit OK pour une semaine.»Il ne mettra donc pas tout de suite sa threat(obtenir un advisory opinionde la Cour internationale de Justice) à exécution. Gentleman, le PM. Mais pas loser. Nope ! Au Parlement, cette semaine, il a affirmé qu’il irait au bout de ce combat : «Il est clair que les Britanniques n’ont pas l’intention de nous rendre les Chagos. Nous devons nous battre. Il est hors de question de capituler. Ils agissent de la manière la plus dictatoriale qui soit.»

 

A little giftde quelques jours, c’est sympa de la part de super SAJ, mais c’est short(et pas forcément sweet pour les Britanniques). Néanmoins, c’est certainement suffisant pour que la bande à David Cameron sorte une réponse qui devrait satisfaire les autorités mauriciennes… ou pas. Parce que tout est possible désormais.

 

Tous les scénarios sont possibles

 

Si certains observateurs estiment que la Grande-Bretagne est acculée et qu’elle a tout intérêt à arrêter de faire son bad boy, d’autres pensent que le pays du God Save The Queen est capable de tout. On l’a bien compris, tous les scénarios sont possibles. Me Robin Mardemootoo, conseil légal des Chagossiens, est bien de cet avis : «Je crois qu’on ne peut que spéculer, en ce moment. Mais bon, il y a cette lecture qui est possible et qui est porteuse d’espoir : que le gouvernement anglais ait demandé un délai, ça voudrait dire qu’il prend cette affaire au sérieux.»

 

Alors, il espère que David Cameron offrira une «solution globale» : «Je note que le Premier ministre anglais a dit au Parlement qu’il ferait une proposition aux Chagossiens et qu’il demande, au même moment, un temps de réflexion à sir Anerood Jugnauth. Ce serait bien qu’il ne règle pas une seule partie de la problématique.» Le retour des Chagossiens dans leurs îles (combat qui a connu un revers cette semaine) d’un côté. De l’autre, le combat pour la revendication de la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Néanmoins, il n’est pas impensable que les Britanniques décident de satisfaire un des deux camps (quoique, dans la meilleure des configurations, il serait bénéfique que les Chagossiens et le gouvernement mauricien œuvrent ensemble et ne fassent qu’un) : «Le gouvernement britannique peut donner un droit de retour aux Chagossiens sans rendre les îles aux Mauriciens.»

 

L’homme de loi estime que le scénario suivant serait ce qu’on peut attendre de mieux concernant la réponse des Britanniques : «Pour les Chagossiens – Cameron leur dit : on vous donne le droit de repartir, on va réhabiliter les îles, faire des maisons, brancher l’eau, l’électricité, Internet, lançons les premières réunions. Pour Maurice – le Premier ministre britannique décide de lancer un calendrier de travail pour rétablir la souveraineté mauricienne sur ces îles tout en prenant la responsabilité de la réhabiliter et en précisant néanmoins qu’il a un locataire, les USA, et qu’il faut que Maurice reprenne ces engagements.» Ce serait theperfect situation. Mais il y a aussi le pire à craindre. Une semaine de réflexion, ça peut aussi donner de vilaines idées : «Pour les Chagossiens – Cameron leur lance qu’il n’a pas de proposition à faire et qu’ils ont les passeports britannique et mauricien, et qu’ils peuvent vivre où ils veulent, mais ce ne sera pas aux Chagos. Pour Maurice – Un statu quo, le gouvernement britannique campe sur ses positions.»Un très sourscénario… qu’il faut éviter !

 

Et selon Lindsay Collen, membre de Lalit, dans une tribune nommée The untenably weak position of the anglo-us empire, Maurice ne devrait pas avoir peur des deux géants, l’Angleterre et l’Amérique, car elle est dans son bon droit. Il faut donc frapper fort si les discussions sont vaines car, comme l’indique le titre de son article, la position des Anglais et des Américains est fragile et précaire. Pourquoi ? Parce que, estime la politicienne de gauche, leurs arguments ne tiennent pas la route pour plusieurs raisons. La principale serait celle-là : la résolution 1514 de l’ONU, qui a été proclamée en décembre 1960 et qui met fin au colonialisme et interdit le démembrement des territoires qui veulent être indépendants. Estimer que les Chagos appartiennent aux Britanniques est donc une mauvaise interprétation qui pourrait être balayée par la Cour internationale de justice.

 

«Délit de faute»

 

Une «humiliation»que veut s’épargner le gouvernement britannique, estime Me Robin Mardemootoo : «Les Anglais n’ont pas l’habitude de répondre. L’ultimatum de SAJ, l’éventualité d’être traîné en cour, est hyper embarrassant pour eux. C’est bien eux qui jouent aux grands policiers, qui s’immiscent dans tous les dossiers du monde. Là, ils sont pris en flagrant délit de faute. Ils savent qu’ils ont agi illégalement, qu’ils n’avaient pas le droit de démanteler Maurice.»C’est certainement pour cela que l’ex-ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, très diplomate, est persuadé que tout se réglera «dans le respect» : «Nous devons conserver nos relations très privilégiées avec la Grande-Bretagne et les USA. C’est la conservation de l’intérêt de toutes les parties qui est primordiale. Avec le dialogue, la solution sera trouvée.»

 

Il ne faudrait ainsi pas attendre une proposition de l’Angleterre, mais reprendre le dialogue en espérant le meilleur ? Impensable, estime Robin Mardemootoo : «Durant toutes ces années, ça a été un dialogue de sourds. Les Britanniques ont joué aux abonnés absents. Il fallait attendre encore et encore ? Il fallait provoquer quelque chose, oui. Maurice a le mérite d’avoir attendu 40 ans. Aujourd’hui, les Chagos sont nécessaires à Maurice. C’est une vaste zone économique et elle est essentielle pour notre survie.» Ivan Collendavelloo, qui s’exprimait sur la question lors d’une installation photovoltaïque à Solitude, en fin de semaine, est bien de cet avis : «S’il ne tenait qu’à moi, j’aurais initié depuis longtemps une action en Cour contre les Anglais. Malheureusement, ce n’est pas moi qui décide. Il y a d’autres considérations.»

 

Des considérations économiques, diplomatiques et commerciales qui font que les Britanniques peuvent demander un rabe de patience. Yeah, man !

 

Retour des Chagossiens : la lutte n’est pas finie

 

Il ne va pas baisser les bras. Olivier Bancoult l’a clairement fait comprendre. Et cela, même si la Cour suprême britannique – à une majorité de trois juges contre deux – a rejeté son appel le mercredi 29 juin. Le porte-parole du Groupe Réfugiés Chagos avait contesté un verdict de la House of Lords, datant de 2008, et interdisant aux Chagossiens de retourner dans leur archipel natal. «C’est impossible d’accepter que d’autres personnes puissent vivre dans notre archipel natal alors que nous non. Les Chagossiens retrouveront les Chagos très bientôt. Nous voulons être autorisés à y retourner. Nous implorons le gouvernement britannique d’aller de l’avant avec l’exercice pour nous autoriser à retrouver notre pays natal», a-t-il confié au Guardian. Olivier Bancoult a également affirmé, cette semaine, qu’il allait solliciter une rencontre avec David Cameron : «Si aucune action n’est prise, nous entamerons de nouvelles procédures légales, comme cela a été préconisé dans le jugement. Les Chagossiens peuvent toujours revendiquer leur droit fondamental qui a été bafoué.» Parmi les «bonnes» nouvelles de ce jugement : le fait que les Law Lordsaffirment que la présence de la Marine Protected Arean’est pas une raison pour empêcher les Chagossiens de rentrer chez eux. Mais aussi, la précision de la Cour suprême qui estime qu’un Chagossien pouvait contester par voie de révision judiciaire les décrets royaux de 2004.

 

Paul Bérenger est d’accord avec SAJ

 

C’est assez inédit pour le relever. Paul Bérenger, en conférence de presse hier, samedi 2 juillet, n’a pas fait de méchancetés au Premier ministre et a, au contraire, décidé d’approuver la décision de ce dernier de saisir la Cour internationale de Justice. Il a également expliqué que, selon la procédure, une résolution devrait être présentée au préalable devant l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Pour que cette dernière soit acceptée, il faut que Maurice enclenche un sacré lobbying : «Nous devons faire un lobbying auprès des pays amis pour que nous puissions obtenir une forte majorité à l’assemblée générale de l’Onu.»Il a également exprimé un souhait : que«Sir Anerood Jugnauth tienne la population informée et mobilisée.»

 

Et les USA ?

 

Étonnant ! Nombreux sont ceux qui ont trouvé surprenante l’implication des USA dans le communiqué conjoint émis pour réagir à la possibilité que Maurice fasse appel à la Cour internationale de justice. Jamais avant, les États-Unis ne s’étaient exprimés sur la question de souveraineté de Maurice sur les Chagos. «C’est un véritable choc que de voir ce communiqué conjoint des États-Unis et du Royaume-Uni ! C’est la première fois dans l’histoire que cela se produit et cela veut tout dire car auparavant, les États-Unis vous envoyaient systématiquement vers le Royaume-Uni du moment où vous leur parliez des Chagos», confie Shafick Osman. Me Robin Mardemootoo s’étonne, pour sa part, de cette prise de position : «Les USA ont le rôle facile. Ils sont des locataires. Ils ne sont pas inquiétés. Maurice n’est pas une ennemie. Même si l’île recouvre la souveraineté, ce n’est pas un danger pour eux. Ils devraient être relax. À moins qu’il se passe des choses hyper secrètes sur ces îles…»