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Chagos : Pourquoi j’ai choisi les Anglais

Ils ont décidé de se ranger du côté des Britanniques… Le haut-commissariat a reçu environ 25 inscriptions pour le voyage qu’il propose sur les Chagos. Quelques-uns des Chagossiens qui se sont inscrits expliquent leurs motivations.

Ils ont décidé de nager à contre-courant. La manifestation qui a eu lieu il y a quelques jours devant le haut-commissariat britannique a fédéré de nombreux Chagossiens venus dénoncer la «malhonnêteté» des Anglais et dire non à leur voyage et à leur Fund Package. Cependant, certains ont choisi de se détacher de ce mouvement et de s’allier aux Britanniques parce qu’ils ont, disent-ils, leurs raisons. Des motivations qui sont contraires à celles du gouvernement mauricien et de la communauté des Chagossiens qui militent pour retrouver leurs terres. 

 

Le voyage préparé par les Anglais a convaincu quelques Chagossiens d’ici et d’ailleurs. Selon Jean Philippe L’Evêque, Political and Media Officer de la British High Commission, il y a pour l’heure environ 25 inscriptions pour Maurice et une quinzaine pour les Seychelles, en attendant les chiffres pour Londres. À Maurice, Gino Mandarin, fils de Fernand Mandarin, fervent combattant décédé en décembre dernier, s’est improvisé meneur de troupe de cette minorité, encourageant les autres à envoyer leur demande pour faire partie du voyage. D’accord avec le Fund Package, il y voit la volonté des Anglais à «reconnaître leurs torts en venant financièrement en aide aux Chagossiens qui pourront ainsi améliorer leur vie.»Pour lui, la lutte que mène aujourd’hui Maurice est une bataille perdue d’avance. 

 

Joseph Uranue, 73 ans, a quitté les Chagos à l’âge de 14 ans. Dans ses souvenirs, il revoit toujours le drapeau britannique flotter sur Diego. Il n’a d’ailleurs jamais compris l’obstination de Maurice.«C’est fini. Nous ne gagnerons jamais. Les Anglais possèdent tout. En refusant le package, nous sommes en train de tout perdre.» Vivre de nouveau sur les Chagos n’est même pas envisageable pour lui.  C’est donc tout naturellement que Joseph s’est inscrit à l’ambassade britannique.  

 

Greta Louis, 61 ans, ne souhaite pas non plus s’installer à Peros, là où elle a pris naissance. «Ma vie est ici. Qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? Comment je vais y vivre ?» Par contre, la visite proposée par les Britanniques l’intéresse, malgré ce que disent les autres. «J’ai eu envie d’accepter. C’est un droit que j’ai. Chacun pense ce qu’il veut. Je ne peux pas me payer un voyage. C’est donc une opportunité.» 

 

En attendant, souligne Greta, Maurice paie les conséquences d’une erreur du passé. 

 


 

Olivier Bancoult, leader du Groupe Refugiés Chagos : «Ils devront assumer les responsabilités»

 

 

«Si Fernand Mandarin était là, il ne serait pas d’accord.» Oliver Bancoult en est convaincu. Si cette petite minorité, dit-il, accepte la proposition des Anglais et le Fund Package, elle devra «assumer les responsabilités». Pour le leader du Groupe Refugiés Chagos, ce voyage a pour but de diviser la communauté. «C’est un piège, un cadeau empoisonné. Ce n’est pas possible de nous proposer une visite alors que c’est notre terre. C’est une injustice.» 

 

Décidé à ne pas baisser les bras, Olivier Bancoult se rendra prochainement à Rome où il tentera de rencontrer le pape François.«Il a montré son intérêt envers les peuples déplacés. Les Chagos pourront certainement l’intéresser. Nous voulons donner à ce combat une dimension internationale.»  En attendant, une levée de fonds aura lieu le samedi 6 mai dans la cour du centre Lisette Talate à Pointe-aux-Sables.