• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Budget 2017-18 : Pravind Jugnauth face aux grands espoirs

Swadicq Nuthay, Amar Deerpalsing, Jane Ragoo, Raj Makoond et Suttyhudeo Tengur attendent beaucoup de cet exercice.

Relancer l’économie, stimuler la croissance, encourager les investissements, éliminer la pauvreté, améliorer les conditions de travail et augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs. D’année en année, les espérances par rapport au Budget ne changent pas. Cette fois encore, les acteurs des principaux secteurs nourrissent de grands espoirs.

Tous les regards sont braqués sur lui. Dans quelques jours, Pravind Jugnauth présentera le Budget 2017-18 dans l’hémicycle. Un exercice de haute voltige pour tout ministre des Finances. Le 5 mai, lors d’un entretien télévisé accordé uniquement à la MBC TV, le Premier ministre avait déclaré que ce nouveau Budget, qui sera présenté le 8 juin, est fait dans un contexte international difficile causé par le Brexit et l’instabilité qui prévaut dans les pays de l’Orient. N’empêche qu’aujourd’hui, Pravind Jugnauth est attendu au tournant ! Ce Budget doit rassurer et redynamiser l’économie.

 

«C’est l’un des plus grands défis de Pravind Jugnauth»,souligne l’économiste Swadicq Nuthay. Non seulement le pays a besoin de nouvelles mesures pour encourager l’investissement privé et favoriser la création d’emplois mais il lui faut aussi des réformes structurelles, sectorielles et institutionnelles afin de rendre l’économie plus performante. 

 

Cela, afin de permettre une meilleure allocation des ressources, explique l’économiste, car il est un fait que le goulot d’étranglement est en train d’asphyxier certains secteurs de notre économie. «Le gouvernement se plaint qu’il y a plusieurs projets qu’il n’arrive pas à réaliser. Les procédures sont trop longues et compliquées. Il faut mettre en place des paramètres moins rigides pour encourager les investisseurs à venir s’implanter à Maurice.»

 

L’autre défi du PM : la rigueur budgétaire. Selon Swadicq Nuthay, le pays a atteint, avec la nouvelle ligne de crédit de l’Inde, un niveau d’endettement relativement élevé qui s’approche du seuil de 70 % du produit intérieur brut (PIB). «Tous les économistes s’accorderont à dire que 60 % est la ligne à ne pas franchir. La situation devient dangereuse. Nous avons connu une hausse drastique dans les dépenses de l’état et un déficit courant de presque 2 % du PIB, ce qui est énorme.»

 

Pour Raj Makoond, directeur de Business Mauritius, les attentes dans le cadre de ce Budget concernent en priorité les mesures annoncées dans le passé mais qui ne sont toujours pas d’actualité. Cela commence, dit-il, par l’Utility Regulatory Authority Act et l’Electricty Act, qui doivent être mis en opération pour rebooster la machinerie économique et encourager l’investissement. Cela passe aussi, poursuit-il, par la mise sur pied d’un troisième cap sous-marin qui améliorera la vitesse de la connectivité et la capacité des bandes passantes.

 

De plus, si le gouvernement a l’intention de faire de Port-Louis un Regional Port, le directeur de Business Mauritius estime qu’il est temps de trouver des partenaires stratégiques pour qu’on soit plus efficient et performant. «Il faut maintenir les reformes structurelles dans le secteur de l’énergie, lancer une réforme éducative comme il a été annoncé l’année dernière pour créer un environnement propice dans ce secteur, ouvrir l’accès aérien, trouver une rigueur macro-économique pour la gestion des dettes et maintenir le déficit budgétaire autour de 3 %.»

 

Du côté des petites et moyennes entreprises (PME), on espère que Pravind Jugnauth amènera un nouvel élan au secteur qui fait face à de nombreuses difficultés. Amar Deerpalsing, président de la Fédération des PME, abonde dans le même sens que Raj Makoond. Le gouvernement doit s’atteler à réaliser les mesures annoncées dans les précédents Budgets «dans les plus brefs délais»

 

Il s’agit notamment, précise Amar Deerpalsing, de lancer la construction des zones industrielles dédiées aux PME ainsi que la création du Agribusiness Park, de faciliter l’accès aux finances pour les entrepreneurs car «cela reste difficile et ardu», de revoir l’ease of doing business et la lourdeur administrative. «Il faudrait un vrai one-stop shoppour les entrepreneurs afin qu’ils n’aient plus à courir dans tous les sens pour trouver des papiers. Il y a aussi une confusion totale au niveau de l’octroi et de la livraison des permis car plusieurs institutions en ont la responsabilité.»

 

«Un Budget humain»

 

Pour Amar Deerpalsing, de nombreuses actions doivent être menées afin de permettre aux PME de se lancer et d’éclore. «Nous avons besoin de mesures incitatives par rapport à l’investissement et pour augmenter la productivité. Il faut aussi travailler sur la commercialisation des produits, faciliter la visibilité sur le marché car il ne faut pas oublier que le mode de consommation des Mauriciens est en constante évolution.»

 

Si les entrepreneurs s’attendent à un Budget qui va promouvoir l’investissement et favoriser les affaires, d’autres acteurs espèrent, eux, que Pravind Jugnauth donnera à cet exercice budgétaire une approche sociale. Placer le Mauricien au cœur de ce Budget. Voilà la requête de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) au grand argentier. Pour la présidente Jane Ragoo, la CTSP attend de Pravind Jugnauth «un Budget humain». Pour ce faire, il faut éliminer la pauvreté dans le pays à travers la création d’emplois et la consolidation des emplois existants. 

 

«Nous avons présenté au Premier ministre un document avec plusieurs propositions, dont l’octroi d’un salaire décent pour de nombreuses femmes qui touchent encore aujourd’hui des salaires dérisoires. 100 000 travailleurs touchent un salaire basique de pas plus de Rs 5 500 par mois. 85 % d’entre eux sont des femmes. Le gouvernement ne peut pas continuer à ignorer ces personnes.»Ces dernières, explique-t-elle, travaillent dans différents secteurs, dont le textile et le Sea Food Hub, entre autres. Sinon, de plus en plus de travailleurs étrangers remplaceront les Mauriciens dans ces secteurs. 

 

Il y a aussi des femmes qui travaillent sous contrat dans les écoles et qui touchent entre Rs 1 500 et Rs 2 000 par mois pour nettoyer l’établissement. Tous les regards sont donc braqués sur ce que proposera Pravind Jugnauth pour améliorer leur sort. Si rien n’est fait, celles-ci envisagent d’entamer une grève de la faim pour dénoncer l’injustice qu’elles subissent. 

 

Par ailleurs, considérant que toutes les femmes sont des «travailleurs», la CTSP propose qu’elles aient toutes, incluant les femmes au foyer, la possibilité de contribuer au plan de pension de la NPF avec une contribution de 50 % de l’état. 

 

Outre ces grands enjeux, les Mauriciens pensent de plus en plus à leur porte-monnaie. De nombreuses questions subsistent sur l’augmentation éventuelle de certains produits de la corbeille ménagère. Les Mauriciens sont-ils capables d’en supporter plus ? Selon le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), Suttyhudeo Tengur, il est crucial aujourd’hui d’alléger le fardeau des consommateurs. «Nous constatons que la classe moyenne régresse et c’est un très mauvais signal ! Cela indique que nous allons de plus en plus vers la pauvreté. Au fil des années, les consommateurs ont fait face à de nombreuses augmentations. Il faut maintenant que Pravind Jugnauth amène un feel good factor

 

Ainsi, pour inverser la tendance, estime Suttyhudeo Tengur, le Premier ministre devra instaurer une politique de structure des prix jusqu’ici totalement absent. Il faudrait aussi que le Grand argentier mette en place des mesures visant à promouvoir la compétition et à créer un environnement sain parmi les importateurs et les commerçants. Pravind Jugnauth sera-t-il à la hauteur des attentes de la population ? Réponse dans quelques jours. 

 


 

Les artistes veillent au grain

 

Ils ont à l’œil le Grand argentier. Un collectif d’artistes s’est réuni le mardi 30 mai dernier pour faire part de leurs attentes par rapport au Budget qui sera présenté le 8 juin prochain. Lors de cette conférence de presse, ces derniers, avec leurs porte-paroles Jean-Jacques Arjoon et Bruno Raya, ont annoncé que s’ils ne sont pas satisfaits par les prochaines mesures budgétaires concernant les artistes, ils vont influencer «le comportement des votants», car estimant qu’il y a «une fragilisation des partis politiques». 

 

Autre revendication : la hausse du tarif de leurs chansons par diffusion. Pour le collectif, le tarif doit passer de Rs 0.68 à Rs 3.80 par diffusion. Les artistes déplorent aussi que les musiciens de rue soient victimes de violence et sont souvent attribués les titres de rogue and vagabond. Ils demandent un espace dédié aux artistes, comme pour les marchands ambulants.