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Avi : «J’ai peur pour mon bébé»

La jeune femme a surtout besoin de soutien.

La jeune femme de 30 ans attend, seule, un enfant. Son compagnon l’a quittée il y a quelques semaines et elle a besoin de soutien…

L’instant est doux-amer. Elle caresse son ventre et parle de cet enfant qui doit naître dans quelques mois, imagine déjà ses petits doigts, la courbe de son sourire, la mélodie de son rire. En même temps, Avi, 30 ans, retient ses larmes et son chagrin qui se déverse dans ces mots qui sortent dans un flot impétueux, celui qu’on ne peut retenir, celui qui anéantit tout. Le chagrin de la jeune femme a cette violence-là. Enceinte d’un peu plus de quatre mois, elle se retrouve seule et sans argent. Et elle a tenu à raconter son histoire. «J’ai besoin de le faire, j’ai besoin de dire les choses. J’ai peur pour mon bébé», confie-t-elle, assise dans le minuscule salon de sa grand-mère à Chebel : «C’est elle qui me nourrit.» Son drame est intime. Mais son angoisse universelle.

 

Celle de toutes les mamans qui se sont retrouvées seules du jour au lendemain, alors qu’elles attendaient un enfant. Une situation qui touche de nombreuses femmes, explique Nelly Beg, de l’Association pour l’accueil des femmes et des enfants en difficulté (voir hors-texte). C’est pour cela qu’Avi fait un appel à celles qui sont ou qui ont été dans son cas. Pour une main tendue, pour qu’elle ne soit plus seule face à ce monde inconnu qui s’ouvre désormais à celle que la vie n’a pas épargnée. Depuis que son compagnon, avec qui elle vivait depuis quatre ans, l’a quittée, sans explications, sans moyen de survie, explique-t-elle, son monde s’est teinté de gris. Si c’est votre cas et/ou si vous souhaitez la soutenir, vous pouvez la contacter à l’adresse suivante : avi2588@gmail.com.

 

Sans entrer dans les détails, car ce n’est pas le propos ici, sa relation avec le père de son enfant est une histoire d’amour qui a mal fini. Aussi banal que cela puisse sembler. Pourtant, pour lui, pour l’accompagner dans ses projets, elle a quitté son job, changé de vie et arrêté de prendre la pilule : «C’est lui qui voulait un enfant.» Il y a moins de quatre mois, Avi se rend à l’hôpital pour une infection urinaire, elle apprend qu’elle est enceinte. Elle annonce la nouvelle à son ex : «Il avait l’air heureux.» Puis les semaines passent et l’enfant à venir devient un problème : «Il m’a demandé de choisir entre lui et l’enfant.» Le chantage inhumain se transforme en froideur et en distance, la jeune femme se retrouve chez sa grand-mère pour reprendre sa vie à zéro… avec l’espoir, néanmoins, qu’il retourne à de meilleurs sentiments.

 

Rien n’y fera : «J’ai rampé, je me suis humiliée…» Les mots échangés s’enveniment alors que l’amour s’enfuit, s’empoisonne. Il y a des menaces, des humiliations. Des mots qu’on dit avec colère, ces flèches qu’on décoche pour atteindre au plus profond : «Il dit que je suis folle, que je ne suis pas enceinte. Puis, il me dit qu’il va me prendre mon enfant quand il va naître… J’ai peur, c’est mon enfant.» Elle, elle le traque sur les réseaux sociaux, prévient toutes les filles qui deviennent ses «amies», nage dans le doute et l’incohérence, flirte avec l’hystérie, se noie dans le flou et le chagrin : «Je ne voulais pas ça pour mon enfant. Je voulais l’accueillir dans une famille aimante.» Et s’inquiète, jusqu’à l’obsession, qu’à l’avenir, ce compagnon tellement aimé puisse lui retirer son enfant : «Je me pose tellement de questions. Je ne sais pas où j’en suis. Est-ce qu’il peut m’abandonner, disparaître et ensuite estimer qu’il a des droits sur cet enfant ?»

 

Par mesure de précaution, elle a contacté la police qui l’a référée à la Family Support Unit. Elle a rendez-vous fin novembre. C’est long pour vivre avec ses peurs. Surtout quand l’instant est doux-amer…

 


 

Pourtant, l’histoire était belle…

 

«Je croyais que c’était ma chance pour le bonheur», confie la jeune femme. Une rencontre sur Facebook, des mots échangés, des sentiments dévoilés. Quelques mois et déjà l’évidence : «Il m’a demandé d’emménager avec lui.» Puis viennent les fiançailles avec la famille, les promesses d’avenir et les envies d’enfant : «On était un couple fusionnel.» Avi imagine une famille recomposée avec sa fille qu’elle a eue d’un premier mariage : «Je me suis mariée à 17 ans mais j’ai dû divorcer, mon mari me battait.» Mais son happy end, comme elle le concevait, s’est envolé…

 


 

Nelly Beg : «Il y a des moyens pour se protéger»

 

 

L’Association pour l’accueil des femmes et des enfants en difficulté (AFED) vient en aide aux filles-mères et mères célibataires mais aussi aux femmes et enfants en difficulté. La fondatrice répond à nos questions…

 

Est-ce une difficile situation qui arrive souvent ?

 

Oui, c’est fréquent. Je suis moi-même mère célibataire, d’où l’idée d’avoir créé cette association. Mais ces femmes ou jeunes filles ne se tournent pas forcément vers des organisations si elles ont le soutien familial.

 

Quelle est l’aide que vous apportez ?

 

Nous aidons les mères célibataires à se stabiliser. C’est un système de conseils et d’accompagnement grâce à des membres bénévoles. Nous accompagnons ces femmes dans leurs démarches médicales, légales et celles qu’elles entreprennent à la Sécurité sociale… Nous sommes aussi là pour faire des collectes de couches, pour trouver des berceaux, des vêtements pour bébé. Tout dépend des cas ! Après la naissance, on aide ces mamans à trouver un emploi, à se tenir sur leurs pieds. Nous travaillons actuellement sur la mise en place d’un centre qui pourrait accueillir ces mamans pendant six mois.

 

Comment commence la prise en charge ?

 

D’abord, on essaie de réconforter la personne qui se tourne vers nous, de la mettre en confiance. Pour pouvoir l’aider, il faut qu’elle puisse nous expliquer tout en détail. Notre porte n’est jamais fermée.

 

Quels sont les premiers conseils ?

 

C’est au cas par cas. Il faut connaître le contexte, l’âge, les aspirations de la future maman. Il faut faire face à ses craintes aussi. En général, elles concernent l’enfant, pas elle : comment accueillir ce bébé au mieux, comment le faire vivre, lui donner tout ce dont il a besoin…

 

Avi a peur que son ex-compagnon prenne son enfant. Que pouvez-vous lui dire ?

 

Qu’il y a des moyens pour se protéger et que nous sommes là pour l’aider dans ces démarches-là. Face à l’abandon de son compagnon, c’est comme si elle prenait la décision d’avoir un enfant toute seule. Et il ne peut pas disparaître comme ça pendant neuf mois et revenir et simplement faire son mea culpa. Il y a des démarches à faire pour qu’elle ait plein droit sur cet enfant.