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Arrestations à Cité Ste-Claire : les mamans des suspects entre choc et angoisse

La honte, la peur, la colère, l’impuissance… Les sentiments se mélangent en elles comme un tourbillon. Normal, les choses sont encore «chaud chaud». Depuis la veille, soit le vendredi 18 novembre, ces mamans se retrouvent dans la tourmente. Leurs fils respectifs ont été arrêtés lors d’une grosse opération policière à Cité Ste-Claire avec de la drogue. La deuxième en l’espace de quelques semaines.

 

Quatre suspects ont été appréhendés cette fois avec chacun plusieurs doses de drogues synthétiques, 175 en tout (voir plus bas). L’un d’eux a seulement 17 ans. Sa mère Sarah*, 41 ans, est dans tous ses états. Le visage fatigué, les larmes aux yeux, elle a du mal à contenir sa peine. Son fils, étudiant au Mauritius Institute of Training and Development, a été arrêté avec 27 doses de drogue synthétique.

 

Cette maman de trois enfants raconte qu’elle était à l’extérieur de sa maison cet après-midi-là lorsque plusieurs policiers ont fait irruption chez elle. «C’est un choc pour la famille. Je n’ai rien compris. Les policiers ont attrapé mon fils qui sortait d’un match de foot et l’ont brutalisé. On m’a demandé si on pouvait fouiller la maison. J’ai dit oui car je n’ai rien à cacher. Je sais que mon fils n’est pas impliqué dans le trafic de drogue car il passe ses journées à la maison. Monn les zot rantre ek zot pann trouv nanye. Lor lagazet ki noun trouve inn gagn la drog syntetik ar li»,confie Sarah, visiblement très affectée.

 

Pour elle, son fils ne peut qu’être innocent. «Mo pa dakor pran inosan, nou aksepte la polis fer so travay me nou pa aksepte inosan qui kondane», lance celle qui dit n’avoir rien pu avaler depuis vendredi après-midi.Selon elle, il est important de faire un bon nettoyage pour éliminer la drogue dans la région, «me mo kone mo zanfan pa ladan, leker mama ki pe kosela».

 

Quelques rues plus loin, Brigitte*, la mère de Jacques Didier Domingue Pierre-Louis, 26 ans, essaie de se remettre de ses émotions. C’est par un proche qu’elle a su que son fils, maçon et père de trois enfants, avait été arrêté. «Il était à la maison et après je ne sais pas où il est allé. C’est un proche qui m’a appelée pour me dire que mon fils avait été arrêté. Quand les policiers sont arrivés chez moi, je les ai laissé faire une fouille car je n’ai rien à cacher. J’avais prévenu mon fils de se méfier de ses fréquentations», assène Brigitte, dépitée. Elle reconnaît qu’il n’est pas un fils exemplaire : «Mo ti fek koz ek li. Mo espere li pou asim so responsabilite. Je sais qu’il n’y a rien dans ma maison, par contre je ne sais pas comment on a pu trouver de la drogue de synthèse sur lui.»

 

La sœur de Ruddy Clive Gujadhur, 24 ans, un sans domicile fixe appréhendé avec 25 doses de drogue synthétique, est elle aussi bouleversée par toute cette affaire. «Mon frère est un chasseur de tanget je ne comprends pas comment on a pu l’arrêter. Il n’a pas même pas de maison. Il passe ses journées à chasser et à s’occuper
de sa bicyclette
», confie cette jeune fille de 19 ans.

 

Comme les deux mamans rencontrées, elle se dit traumatisée et ne sait plus où donner de la tête. Pour elles, cette expérience est la plus terrible qu’elles aient vécue jusqu’ici. Maintenant, elles attendent la suite des événements avec angoisse.

 


 

Les accusés restent en détention

 

Ils sont quatre. Ruddy Clive Gujadhur, un sans domicile fixe de 24 ans, Jacques Didier Domingue Pierre-Louis, 26 ans, Pierre Gino Natalie Sitamal, 34 ans, et un adolescent de 17 ans ont comparu devant la Bail and Remand Courtle samedi 19 novembre. Une accusation provisoire de drug dealing-possession of synthetic cannabis for the purpose of distribution a été retenue contre eux. Ils ont été arrêtés suite à une saisie de drogue synthétique lors d’une descente policière à Cité Ste-Claire, Goodlands, le vendredi 18 novembre. La police ayant objecté à leur remise en liberté conditionnelle, ils ont été reconduits en cellule policière. Ils devront se présenter en cour de Mapou le lundi 21 novembre. 

 


 

Les habitants «révoltés par la façon de faire des policiers»

 

Il est 11h45 en ce samedi 19 novembre. Assis sous un arbre à l’entrée de Cité Ste-Claire, les habitants de l’endroit évoquent leur ras-le-bol face à l’attitude de la police qu’ils accusent de brutalité bien qu’ils reconnaissent que celle-ci doit continuer à œuvrer pour éradiquer le trafic de drogue de leur endroit.

 

La veille, disent-ils, ils ont vécu un cauchemar. À 16h45, le vendredi 18 novembre, plusieurs équipes de la brigade anti-drogue, aidées du commando du Groupe d’intervention de la police mauricienne, de la Special Supporting Unit, des chiens renifleurs et de l’hélicoptère de la police, donnent l’assaut à Cité Ste-Claire. Quatre suspects sont arrêtés, dont un mineur de 17 ans, et 175 doses de drogue synthétique, d’une valeur de Rs 41 000, ont été saisies.

 

Plusieurs maisons sont perquisitionnées. Parmi : celle d’Annick*, 46 ans. «Nos enfants sont traumatisés, nous ne dormons plus. Nous vivons dans la crainte. Nous savons qu’il y a le trafic de drogue ici comme dans plusieurs cités de l’île mais cela ne nous regarde pas. On s’occupe de nos enfants et de notre famille. Nous sommes d’accord pour éradiquer le trafic de drogue dans la cité mais il ne faut pas frapper les innocents. Nous sommes conscients que les jeunes tombent dans le fléau de la drogue mais la brutalité policière ne mène nulle part», confie-t-elle.

 

Un peu plus loin, une autre habitante est elle aussi très remontée par la façon de faire de la police. «On accepte que les policiers fassent leur boulot mais nous ne tolérons pas de brutalité envers les innocents», dit-elle.