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Après sa folle fuite en JCB de Floréal à Quatre-Bornes : Zoom sur Hansley Neptune, le «most wanted suspect» du moment

Cet habitant de Quatre-Bornes est recherché pour blanchiment d’argent émanant du trafic de drogue.

Il a semé les enquêteurs de la commission anticorruption lors d’une folle course-poursuite en marche arrière au volant d’une pelleteuse, de Floréal à Quatre-Bornes, en passant par Vacoas, Hollyrood et Bassin. Il était recherché depuis mars 2017 pour blanchiment d’argent émanant du trafic de drogue. Et depuis le lundi 19 novembre, il est devenu le «most wanted suspect» du moment. Son parcours nous est raconté par ses proches et des enquêteurs…

Ce jour-là, il fêtait ses 38 ans. Et ce jour-là, il est devenu célèbre, très célèbre et pas dans le bon sens. Car bien qu’il fût connu dans un certain milieu, Hansley Neptune n’était pas connu de tous les Mauriciens. Mais ses frasques assez incroyables du lundi 19 novembre – ç’aurait pu être une scène insolite de Fast and Furious – l’ont propulsé sur le devant de la scène, bien malgré lui. Ce jour-là, cet habitant de l’avenue Jackson à Bassin, Quatre-Bornes, plus connu sous le sobriquet de Coco, a pris la fuite à bord d’une pelleteuse alors que les enquêteurs de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) étaient venus l’arrêter sur son lieu de travail.

 

L’homme fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis mars 2017. À l’époque, un suspect, arrêté quelque temps après la grosse saisie de drogue d’un montant de Rs 600 millions à La Réunion en novembre 2016, avait confié aux enquêteurs que Neptune avait financé l’achat du hors-bord sur lequel la drogue avait été saisie. Depuis, les enquêteurs de l’ICAC sont à sa recherche afin de l’inculper pour blanchiment d’argent.

 

Plus d’un an et demi plus tard, ils étaient sûrs de pouvoir mettre la main au collet d’Hansley Neptune car ils avaient des informations fiables sur l’endroit où ils pourraient le trouver. Le lundi 19 novembre, un caporal et trois constables débarquent donc sur un chantier à l’avenue Queen Mary, Floréal, où le suspect opérait sa pelleteuse, et arrivent à l’encercler.

 

Mais Hansley Neptune n’a aucune intention de se laisser faire. Au volant de sa pelleteuse qui est alors à l’arrêt, il se met à les insulter. «Bann (…). Zot finn vinn rod mwa. Mo pou (…) Mo pou touy zot si zot rod aret mwa», lance-t-il aux limiers de la commission anticorruption avant de démarrer l’engin. Les enquêteurs lui demandent alors de stopper la machine mais il n’obtempère pas et prend la route en mode marche arrière en zigzaguant pour empêcher que les deux véhicules qui sont à sa poursuite ne le dépassent. Alors qu’il prend la fuite, toujours en marche arrière, le suspect reste accroché à son portable tout en n’arrêtant pas d’actionner le bras de sa pelleteuse pour que les véhicules des enquêteurs à sa poursuite ne puissent pas s’approcher de lui.

 

Le suspect poursuit sa course folle en direction de Cité-Kennedy, en passant notamment par Hollyrood, à Vacoas, et Bassin. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Arrivé à sa destination, il s’arrête à une jonction où attendent une cinquantaine de personnes armées de sabres, de barres de fer et de javelots. Deux véhicules obstruent également la route, ce qui permet à Hansley Neptune de descendre de la pelleteuse pour continuer sa route à pied. Il prend même le temps de lancer un morceau de bloc de béton sur le pare-brise d’une des deux voitures de l’ICAC qui le suivaient avant de prendre la fuite avec la complicité de ceux présents.

 

Peu après, le caporal et les trois constables sont malmenés par la foule massée à la jonction. Ils ont dû se rendre à l’hôpital Victoria par la suite pour y recevoir des soins. L’un d’eux a été blessé à l’œil quand le pare-brise de la voiture a volé en éclats. Selon une source de l’ICAC, ces policiers n’auraient pas passé un aussi sale quart d’heure si les hommes de la District Supporting Unit qui les accompagnaient lors de la course-poursuite à bord de leur véhicule n’avaient pas fait demi-tour à un moment lorsqu’ils se sont rendu compte qu’ils n’étaient plus dans leur division.

 

«Li dir pe akiz li san prev»

 

Au samedi 24 novembre, Hansley Neptune était toujours en cavale. Au quartier général de l’ICAC, on le considère comme le «most wanted suspect» du moment. Les enquêteurs, qui étaient déjà à ses trousses, intensifient actuellement les recherches pour le retrouver. Car ils ont bien des raisons pour le mettre derrière les verrous pour un bon moment. En sus des allégations de blanchiment d’argent pour le compte du réseau de son ami et trafiquant notoire Curly Chowrimootoo, au profit du caïd Peroomal Veeren, il est aussi recherché désormais pour tentative d’assassinat, conduite dangereuse, entrave au Code de la route, obstruction au travail de la police et damaging government property. Ses complices devraient, eux, être accusés de rébellion.

 

Un membre de son entourage assure qu’il compte se rendre à l’ICAC de lui-même en temps et lieu : «Linn fer so fami bien konpran ki sa case pou ki l’ICAC pe rod li la enn case lake fer blan sa. Li dir pe akiz li san prev. Se akoz sa li pe kasiet. Linn osi dir so fami ki li pou al rann so lekor kan bizin. So avoka pa lib pou le moman.» Il avance qu’Hansley Neptune a eu une conversation téléphonique avec un proche le jour de la folle course-poursuite mais qu’il ne donne plus signe de vie depuis. «So portab off», affirme notre source.

 

Un suspect arrêté après la saisie de Rs 600 millions d’héroïne à La Réunion allègue qu’Hansley Neptune a financé l’achat du hors-bord qui devait transporter cette importante cargaison de drogue.
 

 

Une autre personne qui côtoie le suspect de près affiche un air dépité quand on l’interroge sur cette affaire. «Get kot so bann move frekantasion inn amenn li», regrette-t-il. Toutefois, précise-t-il, le jeune homme n’est pas un trafiquant de drogue mais «enn traser». «Il n’a jamais été un trafiquant. Il est un hard worker. Il a toujours opéré des pelleteuses. Il a commencé à se faire de l’argent en faisant du trafic de diesel. Avec cet argent, il a d’abord loué un parc pour élever des porcs avant d’acheter le parc en question. Dan bann konbinn kot ena gro larzan pou gagne li ladan me li pa dan trafic ladrog», souligne ce proche qui assure tout de même que les membres de sa famille lui ont parlé à plusieurs reprises afin qu’il arrête avec ses «autres combines», en vain.

 

Les limiers de la commission anticorruption, eux, sont convaincus qu’Hansley Neptune est complètement trempé dans des affaires de drogue. Ils pensent d’ailleurs que c’est avec l’argent du réseau de trafic de son ami Curly Chowrimootoo qu’il finance son business d’éleveur de porcs et d’opérateur de pelleteuse, ainsi qu’une compagnie de location de Bob Car, qui serait dirigée par sa compagne actuelle.

 

Hansley Neptune est arrêté une première fois, en lien avec une histoire de drogue, en 2002. Il est par la suite condamné à trois ans de prison pour drug trafficking. «Li inosan dan sa case-la. Bann doz ki ti gagne-la pa ti pou li sa. Li ti pran sarz dan plas enn lot pros ki so fam ti ansint sa lepok-la», souligne un de ses proches. Mais à sa sortie de prison, Neptune est arrêté une deuxième fois. Cette fois-ci, il fait l’objet d’une charge de possession of offensive weapon. Il est condamné à payer une amende. Peu après, il est arrêté pour vol. Toutefois, il ne fera pas de prison pour cette affaire ; il bénéficiera d’un conditionnal discharge de la part de la cour.

 

Neptune refait parler de lui après la grosse saisie d’héroïne à La Réunion, d’un montant de Rs 600 millions en novembre 2016. En mars 2017, un des suspects arrêtés dans cette affaire le désigne comme celui qui a financé l’achat du hors-bord sur lequel la drogue a été saisie. Depuis, il est recherché par l’ICAC.

 

Il gère les finances

 

À Cité-Kennedy, il n’est un secret pour personne qu’Hansley Neptune est très proche du réseau dirigé par Curly Chowrimootoo, actuellement en prison pour trafic de drogue. Il est soupçonné de gérer les finances de son ami en tant qu’associé. À ce titre, il aurait fourni de grosses sommes d’argent visant à financer l’achat de plusieurs hors-bord sous des prête-noms. Ces embarcations avaient pour but de faire des allers-retours sur l’axe Maurice-Madagascar afin de transporter de la drogue.

 

Le nom de l’habitant de Bassin est également cité avec insistance après la récente saisie de 110 kg d’héroïne au large du Coin-de-Mire, le 30 octobre dernier. «So modus operandi sa», explique un limier de l’ICAC. Les enquêteurs de cette unité viennent d’arrêter trois suspects dans cette affaire (voir hors-texte).

 

Tous ces événements ont bouleversé la famille Neptune, assure un autre proche. Il est le benjamin de la famille et a deux frères et une sœur. Son père, âgé de 70 ans, et sa mère âgée de 64 ans, vivent très mal toute cette histoire de même que son fils de 12 ans. «Zot tou latet fatige ek zot strese akoz li. So mama ki plis afekte. Dan zournal linn lir ki Hansley sipoze ena enn magazin dan l’Ouest. Fos net sa. So madam ki travay dan enn magazin laba me magazin-la pa pou li.» Il y a quelque temps, la famille était sortie ébranlée d’une descente de police. «Son fils était traumatisé après cette descente musclée à leur domicile où des vitres ont volé en éclats et des portes ont été enfoncées. Les parents d’Hansley ainsi que sa grand-mère maternelle et un oncle qui habitent la même maison sont également marqués à vie», explique notre interlocuteur.

 

La famille aussi, selon lui, appréhende la suite de l’histoire avec inquiétude. Personne ne peut dire comment tout cela va se terminer.

 


 

 

Trois autres suspects arrêtés après la saisie de 110 kg d’héroïne

 

Ces trois suspect ont été arrêtés pour importation de 110 kg d’héroïne, le 30 octobre 2018.

 

La brigade antidrogue a procédé à l’arrestation de trois autres suspects après la saisie de 110 kg d’héroïne sur un speed boat, au large du Coin-de-Mire, le 30 octobre 2018. Deux skippeurs sont en détention de même qu’un habitant de Terre-Rouge depuis le jeudi 22 novembre 2018. Ces derniers sont soupçonnés d’avoir réceptionné les 110 kg d’héroïne en provenance de Madagascar avant de les refiler à Fabrice Jean-Pierre, Oomar Karrimbaccus et Jean-Michel Rosette. Ces derniers font déjà l’objet d’une charge provisoire d’importation de drogue.

 

Cette fructueuse opération est le fruit d’un bon tuyau obtenu, au préalable, par la brigade antidrogue. Tout commence le mardi 30 octobre vers 11 heures lorsque cette unité apprend qu’une grosse cargaison de drogue va arriver à Maurice par voie maritime via le nord du pays. L’Anti-Drug & Smuggling Unit monte alors une opération de surveillance avec la collaboration du commando de la National Coast Guard. Les informations obtenues s’avèrent payantes. Un speed boat suspect est intercepté à 1 000 nautiques, à proximité du Coin-de-Mire avec à son bord trois hommes.

 

Il s’agit de Fabrice Jean-Pierre, un pêcheur de Baie-du-Cap âgé de 35 ans, Oomar Karrimbaccus, un poissonnier de 51 ans, habitant Camp-de-Masque-Pavé et Jean-Michel Rosette, un skippeur de 33 ans, habitant Trou-d’Eau-Douce. À la vue de la police, les trois suspects ont tenté de prendre la fuite mais n’ont pu le faire. Les policiers ont découvert cinq sacs douteux en raphia sur l’embarcation. Chaque sac contenait 20 sachets scellés d’héroïne d’un poids brut indicatif de 110 kg. Les limiers ont recueilli d’autres objets suspects ce jour-là