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Alexia Ritta battue à mort par son compagnon : Sa vie «remplie de tristesse» racontée par sa mère

Vivant dans l’extrême pauvreté et ayant arrêté sa scolarité à un très jeune âge, Alexia a grandi seule son fils, aujourd’hui âgé de 5 ans, alors que le père de l’enfant faisait des va-et-vient en prison pour divers délits. L’existence parsemée de chagrin et de difficultés de la jeune femme s’est arrêtée brutalement quand son compagnon l’a frappée mortellement avant de se constituer prisonnier. Sous le choc, ses parents racontent sa vie de misère.

Pieds nus, vêtu d’un short rouge et d’un T-shirt beige, Samuel*, 5 ans, ne lâche pas son grand-père et s’agrippe à son cou. Devant le refus de celui-ci de lui donner un verre de coca, l’enfant se met à pleurer. «Il est bien trop tôt (NdlR : 9h30) pour une boisson gazeuse», lui explique Jean-Noël Ritta, 48 ans. Mais le petit ne lâche pas l’affaire. Il frappe le sol avec ses pieds alors que des larmes coulent sur son visage. Assise non loin de là, sa grand-mère Arline cède finalement et revient avec un petit gobelet en plastique rempli de coca qu’il avale goulûment.

 

Le visage du petit s’illumine instantanément et les larmes cessent de couler, laissant la place à un petit garçon jovial et insouciant qui s’amuse à courir dans tous les sens dans un environnement peu adapté à un enfant de son âge. À Roche-Bois,oùvit sa famille, dans une petite maison en tôle d’une pièce seulement, des déchets traînent ici et là alors qu’une odeur nauséabonde provenant de latrines envahit les lieux. C’est dans cet environnement insalubre qu’il vit depuis sa naissance. Et sa mère trimait dur pour l’élever, comme le confie Arline, la gorge nouée par le chagrin. «Ma fille était très débrouillarde mais elle avait tout de même des difficultés à subvenir aux besoins de son enfant. Elle touchait une aide sociale pour lui et travaillait trois fois par semaine comme bonne à tout faire pour arrondir ses fins de mois.»

 

«Il était violent»

 

Mais elle n’est plus là pour voir grandir son fils. Alexia Ritta, 23 ans, a connu une fin tragique le lundi 21 novembre quand son compagnon Curtis Waller, 25 ans, l’a étranglée avant de lui fracasser le crâne avec une pierre. Ce jour-là, le couple s’était rendu dans un endroit isolé de Pointe-aux-Sables pour discuter. Selon le présumé meurtrier, qui s’est constitué prisonnier après avoir commis son acte atroce, il voulait avoir des explications de sa compagne qu’il soupçonnait de le tromper avec un de ses cousins alors qu’il était incarcéré pour une histoire de vol avec violence. Il était sorti de prison en juillet. Alexia lui aurait fait part de son intention de le quitter. «Je lui ai alors demandé si elle me trompait avec mon cousin. Je savais que c’était la vérité. Mais elle a nié, je ne l’ai pas supporté et je l’ai tuée», a-t-ildéclaré.

 

Mais selon les parents d’Alexia, cette dernière n’a jamais trompé son compagnon mais voulait tout de même se séparer de lui. «Elle voulait mettre un terme à cette relation car Curtis était violent, il la frappait et la harcelait. Elle avait même porté plainte au poste de police de sa localité», confie une tante de la victime sous le couvert de l’anonymat.

 

Jean-Noël Ritta abonde dans le même sens. «Tout le monde lui disait qu’il fallait mettre un terme à cette relation. Elle avait réussi à prendre ses distances. Puis, je ne sais pas ce qui s’est passé et ils se revoyaient. Lundi, elle m’a dit qu’elle allait travailler et qu’elle reviendrait dans l’après-midi, comme à son habitude. Mais c’est son corps sans vie qui nous a été livré», témoigne le père d’Alexia, très secoué par ce drame. C’est lui qui prendra désormais soin de son petit-fils qui, en un jour, a perdu sa mère dans des circonstances tragiques, et son père qui se retrouve derrière les barreaux. «Je suis maçon de profession. Et je serai épaulé par ma famille pour élevermon petit-fils et assurer son avenir. J’ai déjà tout planifié. Il sera admis en Std Il’année prochaine», confie-t-il en espérant que le petit ne souffrira pas trop.

 

L’existence d’Alexia Ritta s’est terminée par un drame et selon ses proches, elle a toujours eu un destin malheureux, émaillé de chagrins et d’épreuves. Ses parents se séparent alors qu’elle n’est qu’une enfant et elle est élevée par sa grand-mère paternelle à Roche-Bois, dans un environnement très modeste. «Elle était l’aînée de sa famille et a toujours été une enfant obéissante. Elle n’a jamais été très brillante à l’école et après le CPE, elle a fréquenté une école pré-vocationnelle pendant un an. Puis, elle n’a pratiquement rien fait. Elle restait à la maison et aidait sa grand-mère jusqu’à ce qu’elle rencontre Curtis qui habitait la même localité. Ils étaient pratiquement voisins», laisse entendre Arline.

 

Très vite, Curtis et Alexia tombent amoureux et emménagent sous le même toit. À l’âge de 17 ans, la jeune femme tombe enceinte mais se retrouve seule au bout de trois mois de grossesse car son compagnon est mis en prison pour une affaire de vol avec violence. «Àpartir de là, elle a eu beaucoup de problèmes. Ma fille n’a jamais eu une vie heureuse mais une vie de tristesse. Elle a grandi dans la misère et n’a jamais eu la chance de célébrer son anniversaire, encore moins d’avoir un simple gâteau ce jour-là.»

 

Après une grossesse dans des conditions difficiles, Alexia accouchera pratiquement seule, aidée de ses parents qui ont veillé sur elle et sur son fils alors que le père du petit se trouvait toujours en prison. «Mais elle l’emmenait voir son père. Et à sa sortie, Curtis replongeait, comme s’il était toujours poursuivi par ses démons. Du coup, il ne cessait de faire le va-et-vient en prison», précise Arline.  Une vie que sa fille ne pouvait plus supporter, d’autant que Curtis était très violent envers elle : «Elle était fatiguée de cette vie et voulait mettre un terme àcette relation. Pour séloigner davantage de Curtis après sa sortie de prison en juillet, elle venait passer plusieurs jours chez moi à Petite-Rivière. Mais dès qu’elle remettait les pieds à Roche-Bois, Curtis cherchait à la voir et la harcelait.» 

 

Et le lundi 21 novembre, l’homme est allé récupérer Alexia sur son lieu de travail avant de l’emmener à Pointe-aux-Sables, dans un endroit retiré. C’est là que le drame s’est joué. Curtis Waller a participé à une reconstitution des faits le lendemain et a expliqué aux enquêteurs le fil des événements ayant conduit au meurtre de sa compagne. Un meurtre qui prive à jamais un petit innocent de 5 ans de l’amour de sa mère.

 


 

Le psychologue et sociologue Saib Ameer Beg : «Difficile de réhabiliter une personne à 100 %»

 

Des va-et-vient incessants en prison et l’incarcération n’auraient eu aucun effet dissuasif sur Curtis Waller. Alors qu’il purgeait une énième peine de prison pour vol avec violence, il a été libéré sous caution en juillet. Quelques mois plus tard, le 11 novembre, il a atteint le summum de l’horreur en tuant sa compagne. Ce qui pose immanquablement des questions sur la réhabilitation en prison. Le Welfare Department propose certes des cours de pâtisserie, d’alphabétisation, de coiffure, entre autres, ainsi qu’un accompagnement individuel des prisonniers par des travailleurs sociaux pour aider les prisonniers à se réintégrer à la société, Saib Ameer Beg, sociologue et psychologue est d’avis qu’il est «difficile de réhabiliter une personne à 100 %». «Du moment qu’une personne a perdu toute confiance en elle et l’estime de soi, la réhabilitation devient très difficile. Surtout lorsque cette personne a développé un sentiment d’infériorité et que dès son jeune âge, elle n’a pas été aimée et bien considérée par son entourage. Àchaque fois qu’elle va essuyer un refus, c’est l’agressivité qui va la pousser à agir.»C’est dans ce sens qu’un travail de réhabilitation devrait être mené pour plus de succès.

 


 

Une année sanglante pour les femmes

 

Plusieurs femmes ont ététuéesdepuis le début de 2016, dont la plupart par un conjoint ou ex-conjoint. Retour sur ces drames. 

 

26 février : Double drame à Camp-de-Masque-Pavé. Yeshna Rughoobin, 14 ans, et sa grand-mère Reshma, 54 ans, sont tuées de plusieurs coups de couteau par un habitant de la localité âgé de 17 ans. Après le drame, ce dernier a confié qu’il était secrètement amoureux de Yeshna et que le jour du drame, il s’était rendu chez elle pour lui demander sa main.

 

21 mai :Vidhi Bumma, 28 ans, est mortellement poignardée par son époux Mithunsing Bumma. Il transporte ensuite le corps jusqu’à un champ de légumes àEau-Bouillie pour le brûler. Les restes serontdécouverts par le propriétaire du champ. Arrêté, le mari confessera son crime.

 

3 juin :Patricia Verrière, 41 ans, est étranglée par son ex-petit ami Vidish Jogannah, 22 ans, après une violente dispute. Le corps de la victime est retrouvé sous son lit dans son appartement à Grand-Baie par ses amis. Vidish Jogannah a avoué son crime.

 

19 juillet : Wendina Narayansami, 21 ans, est retrouvée morte dans une mare de sang à son domicile. Elle aurait été poignardée par un religieux réunionnais, Marouf Hadgi Latchimy, retrouvé lui aussi grièvement blessé dans la maison. Selon certains, ils entretenaient une relation amoureuse. L’homme est également décédé quelques jours plus tard.

 

26 octobre :Une jeune fille de 18 ans, Anaïs Jean, est étranglée et étouffée avec la tête plongée dans un seau d’eau à son domicile, à Cité Barkly, par son ex-petit ami Jimmy Neerputh. À la police, il explique qu’il a tué la jeune fille car elle avait refusé de lui donner le code de son téléphone portable.

 

31 octobre :Reena Rungloll est poignardée par son amant Jimmy Amlesh Mahadeo. Ce dernier transportera ensuite le corps dans un champ de cannes pour y mettre le feu. Il n’aurait pas accepté que la jeune maman de deux enfants veuille mettre un terme à leur relation.