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Alain Jeannot, Président de l’association PRAT : Les vrais chauffeurs préviennent le malheur

Du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2016, nos routes ont fait 556 victimes, dont 170 âgées entre 15 et 29 ans. En l’absence d’une étude approfondie de chaque accident, nous ne pouvons déterminer la contribution exacte des différents facteurs et circonstances l’ayant provoqué. Cependant, nous n’avons pas besoin de telles expertises pour savoir que la vitesse est un facteur aggravant dans presque tous les accidents, même lorsqu’elle n’en est pas la cause directe. Par exemple, si vous heurtez un piéton à 30 km/h, il aura 7 chances sur 10 de s’en sortir, alors que si vous le touchez à 80 km/h, il est mort à coup sûr.

 

Pourquoi continuons-nous donc à défier les limites de vitesse ? Comment contrôler cette tendance ? Que devrions-nous faire pour promouvoir une conduite responsable par rapport à la puissance de nos véhicules ? Autant de questions qui devraient nous interpeller alors que nous affichons plus de 60 victimes en moins de cinq mois depuis le début de l’année.  

 

Il est regrettable de noter que toutes les 5 minutes, un chauffeur transgresse les limites de vitesse prévues par la loi. En 2014, ils étaient 96 872 à être pris dans les filets des caméras fixes et mobiles. De ces contrevenants, 545 avaient dépassé les limites par plus de 25 km/h et moins de 50 km/h, alors qu’une bonne vingtaine avait été prise «s’envolant» à plus de 50 km/h de la vitesse autorisée rien que pour les six derniers mois de l’année !

 

Quelques raisons de ce comportement à risque sont : l’empressement ; ne pas prévoir les contretemps, par exemple les embouteillages ; l’ignorance des lois physiques liées à la vitesse ; le manque d’expérience ; la dimension séductrice, valorisante de la vitesse ; la méconnaissance des avantages d’une conduite modérée et responsable ; la surévaluation de ses capacités de bon chauffeur et la sous-évaluation des imprévus. 

 

À Maurice, tout le monde semble pressé, il n’y a qu’à être sur un feu lorsqu’il tourne au vert pour le constater. À la dixième de seconde de retard, vous aurez droit à un concert de klaxon. Un tel comportement est rare dans les pays développés. Pourtant, notre demi-million de véhicules, dont 45 % est âgée de moins de 5 ans, se compare, toutes proportions gardées, à des pays développés ! Est-ce aussi  parce que nous en avons les moyens que nous nous permettons d’être pressés, croyant pouvoir compenser notre manque d’organisation par la vitesse, mettant en péril nos vies et celle des autres sur la route ?

 

Le véhicule est certes puissant, il produit de l’énergie qui permet des déplacements à des vitesses élevées. Cependant, cette puissance et cette énergie doivent être comprises et gérées car le véhicule n’a pas d’esprit et dépend de nos jugements. L’argument a l’air benêt mais nombreux sommes-nous à surévaluer les capacités de nos véhicules. Des freins ABS, par exemple, ne dispensent pas de la distance de freinage nécessaire pour que le véhicule s’arrête après application de la pédale correspondante. Cette distance augmente en fonction de la vitesse. À 50 km/h, la distance de freinage est de 14 mètres, alors qu’à 90 km/h, elle est de 45 mètres sur route sèche !  

 

Il est n’est pas facile de dénoncer les dérives de la vitesse dans un monde où la réussite, le progrès, semble dépendre d’elle. La culture, la publicité, les médias, voire l’art, semblent participer à  ce mariage. Or, il n’est pas question de retourner au XVIIIe siècle pour relier Maurice à la France en six mois mais il s’agit de  respecter les limites de vitesse qui sont taillées pour préserver la vie sans compromettre le progrès.

 

La vie n’a pas de prix, des séries comme Fast & Furious sont des mises en scène où tout est organisé, sécurisé. Dans la vraie vie, il n’en est pas ainsi. Les vrais chauffeurs sont ceux qui préviennent le malheur. Ce sont eux qui ont le vent en poupe : les SMART AND CAUTIOUS.  Eux savent consciemment ou inconsciemment que réduire la vitesse de 1 % permet une réduction de 4 % de tués et ce ne sont pas les chercheurs Nielson et Elvik qui dirons le contraire.