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Agression mortelle de Shanti Heeramun, 72 ans : Sa fille : «Elle a été battue sans pitié»

Les deux fils de la septuagénaire lors des funérailles.

Elle devait s’envoler pour l’Allemagne, le 22 juin, et fêter ses 73 ans, deux jours plus tard, aux côtés de son fils Rajesh. Mais Shanti Heeramun ne connaîtra pas ce bonheur après avoir été victime d’une agression mortelle dans sa localité.

Tout était fin prêt. Le billet, le visa, les bagages. Il ne lui restait plus qu’à prendre l’avion. Shanti Heeramun attendait avec impatience et bonheur le moment de s’envoler, une fois de plus, pour l’Allemagne, où l’attendaient son fils Rajesh, un infirmier, et sa belle-fille, qui lui avaient offert ce voyage en cadeau. Et la joie était partagée car ces derniers avaient hâte qu’elle soit là pour vivre avec elle de merveilleux moments dont l’un des points forts allait être la fête surprise qu’ils lui préparaient pour ses 73 ans, le 24 juin, soit le lendemain de son arrivée.

 

Mais d’un coup, tout s’est effondré. Le dimanche 10 juin, à quelques jours de partir pour des vacances de rêve au pays où vit son fils, Shanti Heeramun, dont le prénom signifie paix, calme, tranquillité ou encore bonheur en hindi, s’en est allée de la plus atroce des façons. Elle a été battue à mort, à proximité d’un jardin d’enfants, à Gandhi Square, Rivière-du-Rempart. Puis, son corps sans vie a été laissé dans un bâtiment en ruine, non loin de là. Ce n’est que le lendemain matin que son cadavre a été découvert.

 

La septuagénaire avait plusieurs blessures, à la tête notamment. Le rapport d’autopsie indique qu’elle est décédée des suites d’une hémorragie intracrânienne et de graves blessures à l’estomac. Tout laisse croire que Shanti Heeramun passait près du Gandhi Square pour rentrer chez elle à Maurel Road quand elle a fait une mauvaise rencontre. Trois suspects habitant la région ont été arrêtés le jour même pour ce meurtre. Ils reconnaissent avoir été là au moment de la mort de Shanti Heeramun mais nient l’avoir tuée. Ils affirment que c’est un accident (voir hors-texte).

 

Du côté de la famille de la victime, tous sont abasourdis par cette tragédie qui les heurte de plein fouet. Le jour des funérailles, le mercredi 13 juin, la tristesse mais aussi la stupeur et l’incompréhension se lisaient sur les visages des cinq enfants – trois filles et deux fils – de Shanti Heeramun, de ses petits-enfants et de ses autres proches présents en grand nombre.

 

Révolté

 

Rajesh Heeramun, arrivé en catastrophe à Maurice pour dire un dernier au revoir à sa mère, et son grand frère, vêtus de blanc et le crâne rasé, ne passent pas inaperçus parmi la foule. Tous deux sont complètement sous le choc de ce drame. Tout comme leurs sœurs. Les larmes n’arrêtent pas de couler. «Nou bien tris, zame nou pa ti pou krwar ki nou mama pou mor koum sa. Ma mère a été battue sans pitié», lance Mala Seetul, 52 ans, l’aînée de la fratrie, les larmes aux yeux. L’un des 11 petits-enfants de Shanti Heeramun, Rajiv Doorga, 24 ans, se dit révolté par les circonstances atroces dans lesquelles celle-ci est morte.

 

Il n’arrête pas de repenser à sa grand-mère, méconnaissable sur son lit de mort avec un énorme bandage sur la tête et des contusions sur le visage : «Elle a dû souffrir énormément. Mo anvi kone kinn pas dan latet sa bann dimounn kinn bat li ziska fer li gagn fraktir krann-la. Mo gran mer ti kapav zot mama. Inpe pitie zot pa finn ena pou li. Et comment ont-ils pu l’abandonner ainsi alors qu’elle était inconsciente ? J’ai vu les suspects lors de la reconstitution des faits. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient affectés par cette affaire. Et c’est trop facile de venir dire que c’est un accident. Ils méritent une très lourde peine pour ce qu’ils ont fait à ma grand-mère.»

 

La famille de Shanti Heeramun essaie aussi de comprendre comment sa route a pu croiser celle de ces trois individus. Mala explique que ce jour-là, sa mère lui avait rendu visite. «J’habite à L’Aventure où réside aussi la sœur de ma mère. Elle a passé quelques heures chez ma tante avant de venir me faire une visite éclair. Elle est partie vers 16 heures afin de prendre l’autobus pour Rivière-du-Rempart. Elle a dû croiser les trois suspects peu après. Mo pa kone si mama ti konn zot ou si li abitie bwar ek zot.»

 

Personne ne s’est inquiété en n’ayant pas de nouvelles de Shanti Heeramun ce soir-là. Cette dernière, veuve depuis 1982, vivait seule et se débrouillait très bien. Elle n’avait pas de portable et sa ligne téléphonique fixe ne fonctionnait pas depuis quelque temps.

 

Choc immense

 

Lundi matin, Mala a reçu un appel d’un policier de Rivière-du-Rempart lui demandant de venir au poste de police car il était arrivé quelque chose à sa mère. Et lorsqu’elle est arrivée sur place, elle a eu un choc immense en apprenant ce qui s’était passé. C’est d’autant plus dur à supporter pour elle et sa famille que la septuagénaire jouissait d’une bonne santé et semblait partie pour vivre encore longtemps.

 

Shanti Heeramun, selon son entourage, était une personne très appréciée. «Ma mère était très populaire. Elle avait exercé comme sage-femme traditionnelle pendant de longues années. Elle a également gagné sa vie en cueillant des légumes pour les petits planteurs de la région», souligne Mala. Rajiv approuve : sa grand-mère, dit-il, était très généreuse et très aimée : «Zame linn refiz rann enn servis. Li ti kontan fer ti louvraz kot dimounn. Boukou dimounn sagrin seki finn arive.»

 

Le jour de son 73e anniversaire, le 24 juin, au lieu d’une fête, ses proches organiseront une hawan (prière) en sa mémoire ; ils rendront encore une fois hommage à une dame très aimée qui est partie dans des circonstances terribles et qui leur manquera à jamais.

 


 

Gautam Seetaram, l’un des suspects : «Enn aksidan sa»

 

Shanti Heeramun serait morte à cause d’une gorgée de rhum de trop. C’est du moins ce que laisse entendre l’un des suspects arrêtés pour ce meurtre. Dans sa déposition, Gautam Seetaram explique que la septuagénaire «ti pe bwar ansam ek nou kot kiosk» lorsqu’elle aurait tenté d’avaler une deuxième part de rhum, soit celle qui devait lui revenir. Il dit l’avoir frappée avec un bâton avant de la pousser violemment. «Enn aksidan sa. So latet inn tap ek karousel», dit-il. Shanti aurait ensuite atterri par terre, inconsciente. Le suspect souligne qu’il faisait déjà sombre à ce moment-là.

 

Peu après, Rohit Doorbejasing et Chinanen Dorsamy auraient aidé Gautam Seetaram à transporter la septuagénaire dans le bâtiment abandonné. Ils croyaient, disent-ils dans leur déposition, qu’elle dormait. Ce n’est que le lendemain que des habitants de la localité ont découvert le corps sans vie de la victime. Peu après, des éléments de la Criminal Investigation Division de Piton et leurs collègues du Field Intelligence Office et de l’Anti-Robbery Squad de la Northern Division ont procédé à l’arrestation des trois suspects. Ils ont comparu en cour le même jour sous une accusation provisoire de murder (assassinat) avant d’être reconduits en cellule policière.