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Agression mortelle de l’Écossaise Janice Farman : le douloureux hommage de son compagnon et de ses amis

Janice Farman et son compagnon Théodore Abba étaient en couple depuis plus d’un an.

Ils ont perdu une amie, une confidente ou une compagne. Peu importe le rôle qu’aura joué Janice Farman dans leur vie, la douleur reste tout aussi intense lorsqu’il s’agit de lui faire leurs adieux. La quadragénaire a été tuée par des voleurs à son domicile, à Albion, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juillet, sous les yeux de son fils adoptif de 10 ans, qui souffre d’autisme. Bouleversants témoignages de ses proches…

«Ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont les premiers.» Cette phrase a pris tout son sens pour les proches de Janice Farman, le matin du vendredi 7 juillet, lorsqu’ils ont appris sa tragique fin. Le départ subit de cette Écossaise de 47 ans laisse un grand vide dans le cœur de tous ceux qui l’ont côtoyée, aussi bien de près que de loin, car, selon son entourage, elle avait une gentillesse, une joie de vivre, une bonne humeur contagieuse qui ne pouvaient laisser insensibles ceux qu’elle croisait. 

 

Hélas, le destin de cette sympathique quadragénaire a pris une tournure cruelle dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juillet. Des individus encagoulés se sont introduits chez elle à Albion et l’ont agressée mortellement, avant de mettre la main sur un téléviseur, une console de jeux et des bijoux, et de s’enfuir à bord de sa Nissan Tiida. Le tout s’est passé devant son fils de 10 ans, qui souffre d’autisme. C’est d’ailleurs lui qui a alerté des amis de sa mère après le départ des malfrats. 

 

Ces derniers sont toujours recherchés alors que la voiture de la victime a été retrouvée à Trois Mamelles. Plusieurs personnes ont été interrogées, dont l’ex-mari de Janice, mais aucune arrestation n’avait eu lieu à l’heure où nous mettions sous presse (voir hors-texte). La police tente de déterminer si c’est affectivement un cambriolage qui a mal tourné ou si c’est une affaire de vengeance. Aucune piste n’est écartée pour le moment.

 

Elle a été tuée sous les yeux de l’enfant qu’elle a adopté en 2007. Il a aujourd’hui 10 ans.

 

Les proches de Janice souhaitent eux aussi avoir des réponses et réclament justice pour cette personne qu’ils appréciaient tant et qui avait tellement bon cœur. Car s’il est une chose dont la famille et les amis de Janice se souviennent avant tout, c’est qu’elle avait un cœur en or qui poussait les gens à l’aimer dès la première rencontre. 

 

C’est d’ailleurs ce trait de caractère qui avait séduit son compagnon Théodore Abba, avec qui elle était en couple depuis environ un an et trois mois. «C’était une femme sincère, franche, mais au-delà de tout, Janice était une femme attachante, admirable et adorable», nous confie-t-il du Cameroun où il vit. Depuis qu’un proche lui a annoncé la mort de sa compagne, il est effondré : «Je me sens vraiment mal. Je suis abattu. Ils ont arraché une partie de moi, m’ont enlevé celle que j’aimais le plus, ma Janice. Ils ont frappé là où ça fait mal. Qu’ai-je fait pour souffrir autant ?»

 

La dernière fois qu’il a parlé à Janice remonte à quelques heures avant sa mort. Et très récemment, Théodore Abba était venu passer trois mois à Maurice. La maison dans laquelle est survenu le drame, il la connaît très bien car c’est en ces lieux qu’il a séjourné et passé des moments inoubliables avec la victime et son fils. Un petit garçon dont il était également «très proche», nous fait comprendre Théodore Abba en parlant de la relation fusionnelle qu’il entretenait avec le petit, qu’il considérait comme son propre enfant. Ce dernier, aujourd’hui âgé de 10 ans, avait été adopté par Janice en 2007 car sa mère, âgée de 11 ans à l’époque, ne pouvait s’occuper de lui. 

 

«Pourquoi...»

 

Les bons souvenirs de son séjour à Maurice, Théodore Abba en a des tonnes. «C’est Janice qui m’a appris les bonnes choses : la bonne musique mauricienne, le séga, la musique créole. Nous faisions du sport ensemble, allions aux Gorges, à la plage, ou bien elle venait me voir jouer au foot à Rivière-Noire.» Après trois mois de pur bonheur, il est rentré au Cameroun, le 13 mai, mais était en contact permanent avec Janice. «Nous avions l’intention de nous revoir en septembre. Elle m’avait fait part de son intention de venir au Cameroun.»

 

Révolté par les circonstances dans lesquelles sa bien-aimée a trouvé la mort, les questions fusent dans sa tête : «Pourquoi vous, agresseurs, lui avez-vous ôté la vie ? Pourquoi vous bagarrer avec une femme qui ne pouvait pas se défendre seule avec notre fils ? Elle ne méritait pas cela.» Dans son désespoir, Théodore Abba s’accroche aux innombrables souvenirs des jours heureux avec Janice, tout en lui souhaitant de partir en paix. 

 

Il n’est pas le seul à qui Janice Farman manquera énormément. La quadragénaire, qui était aux commandes de l’entreprise Pecs (Mauritius) Ltd, sise à Quatre-Bornes, laisse derrière elle sa deuxième famille : ses employés. L’un d’eux, Eshan*, était son bras droit et confident. «C’est la femme la plus gentille qu’il m’a été donné de rencontrer. Elle était très attentionnée et n’hésitait pas à apporter son aide à ceux dans le besoin. En tant que directrice, elle m’a appris comment gérer mes émotions. Elle m’a grandement aidé à devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Et en tant qu’amie, elle remarquait toujours quand quelque chose n’allait pas et en discutait avec moi pour trouver des solutions», confie-t-il sous le choc de cette tragédie. 

 

«My mum is dead»

 

Eshan a été la première personne alertée par le fils de la victime après le drame. Un effroyable souvenir qu’il n’effacera sans doute jamais de sa mémoire. «Il était presque minuit lorsque j’ai reçu un appel de Janice. Lorsque j’ai répondu, j’ai entendu la voix de l’enfant au bout du fil. Il m’a dit: “My mum is dead. Her mouth is covered with blood. Call an ambulance”. Il semblait être en état de choc. J’ai aussitôt contacté Lorna pour savoir quoi faire et pendant que je l’avais au bout du fil, le petit  l’appelait aussi.»

 

Lorna Nemdharry est aussi une collègue que Janice Farman considérait comme un membre de sa famille. «L’enfant semblait paniqué lorsqu’il m’a appelée. J’ai donc pris contact avec le poste de police d’Albion pour les informer de ce qui s’était passé», nous raconte-t-elle.Le fait qu’Eshan et elle n’étaient jamais allés là-bas rendait la localisation de la maison difficile. «Nous avons dû demander au fils de Janice de trouver une facture d’électricité pour qu’il puisse nous donner l’adresse. C’est un enfant très intelligent», explique Eshan. Lorna, elle, a aussitôt sauté dans sa voiture pour se rendre sur place. «Quand je suis arrivée, la police était déjà sur la scène de crime. Le petit a été très brave et je suis vraiment triste qu’une telle chose soit arrivée à sa mère. Janice nous manquera énormément», confie-t-elle, le cœur brisé. 

 

Justice, une autre employée de Janice, n’en revient pas non plus qu’elle a été tuée. «Yer (Ndlr : vendredi) nou fek pe koze riye ansam et zordi telefonn sone pou dir linn mor. Elle était vraiment sympathique et humble. C’était plus une amie qu’une patronne. Je me souviens encore de la relation qu’elle avait avec son fils. Ils étaient très proches. Ces voleurs l’ont sûrement tuée parce qu’elle a cherché à se défendre. Elle n’était pas le genre de femme à se laisser faire. Ce qui s’est passé me fait réaliser qu’il faut profiter de la vie au maximum. On ne sait pas de quoi sera fait demain.»

 

Les parents de Janice, qui vivent en Écosse, ont appris la nouvelle dans la journée de vendredi à travers l’une de ses amies. D’après nos renseignements, la mère de la quadragénaire a prévu d’envoyer une lettre formelle à la Child Development Unit (CDU) dans les plus brefs délais pour que les amis proches de Janice soient autorisés à s’occuper de son fils le temps qu’ils arrivent à Maurice. Une arrivée prévue pour très bientôt. Une amie de Janice Farman a, pour sa part, eu une rencontre avec les autorités concernées en présence d’un homme de loi mais il est, pour l’instant, interdit à qui que ce soit de récupérer l’enfant car il est le témoin-clé dans cette affaire. 

 

Pour l’heure, la date des funérailles de la victime n’a pas encore été décidée. Un proche confie que ce n’est que lorsque ses parents seront là qu’ils décideront du pays où elle sera enterrée – à Maurice ou en écosse –, et aussi du sort de son enfant. Un enfant autiste privé à jamais de l’amour de sa maman au grand cœur. 

 

* Prénom fictif

 


 

L’ex-mari de la victime interrogé

 

Plusieurs suspects ont été interpellés dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Janice Farman, notamment Jean Baptiste Mootoo, son mari, de qui elle vivait séparée. Elle avait déjà entamé les démarches pour divorcer de ce dernier. Soumis à un feu roulant de questions vendredi, l’homme a confié qu’il était toujours en bons termes avec la victime. Il a également dû fournir un alibi. Il a été autorisé à regagner son domicile dans la soirée et a dû se rendre au poste de police samedi matin pour répondre à d’autres questions. Plusieurs autres personnes ont également été convoquées par les enquêteurs mais aucune arrestation n’avait encore eu lieu à l’heure où nous mettions sous presse. 

 

Le meurtre de Janice Farman aurait eu lieu peu avant minuit, jeudi soir. Après avoir été alertée par le fils adoptif de la victime, âgé de 10 ans, Lorna Nemdharry, une collègue de la victime, a contacté la police qui s’est rendue sur place. La maison n’étant pas équipée d’un système de surveillance, les policiers n’ont eu aucun mal à s’introduire à l’intérieur. Aucune trace d’effraction n’a, non plus, été constatée. 

 

La police a trouvé la victime, inconsciente, allongée sur le dos dans son lit. Elle portait des blessures au nez et à la bouche. Les tentatives pour la réanimer se sont avérées vaines. Une autopsie a conclu qu’elle avait succombé à une asphyxie provoquée par une compression du cou. Son fils, qui souffre d’autisme, est le témoin-clé dans cette affaire car les faits se sont déroulés devant lui. Il a indiqué que sa mère avait été battue et étouffée à l’aide d’un oreiller par l’un des malfaiteurs pendant que les autres fouillaient de fond en comble la maison. Il a été confié à la Child Development Unit (CDU).

 

Les malfaiteurs avaient fait main basse sur les bijoux de la victime, une télé et une PlayStation, avant de prendre la fuite dans son véhicule, une Nissan Tiida immatriculée 4389 AG 10. Celle-ci a été retrouvée sur la route principale de Trois Mamelles, vendredi, aux alentours de 13 heures. Elle a été examinée par les éléments du Scene of Crime Office (SOCO). L’enquête est supervisée par le Surintendant de Police (SP) Monvoisin.

 


 

Géraldine Aliphon d’Autisme Maurice :  «L’ouverture d’un foyer pour enfants handicapés ou autistes est nécessaire»

 

Le fils de Janice Farman était inscrit dans l’une des écoles spécialisées que gère l’ONG Autisme Maurice. Géraldine Aliphon, directrice de l’association, raconte avoir entamé des démarches afin de savoir où se trouve l’enfant mais les services de police ne lui ont pas fourni cette information. Elle estime qu’il est dommage qu’il n’y ait pas de foyers pouvant prendre en charge les enfants autistes et handicapés suite au décès de leurs parents. «L’ouverture d’un tel foyer est nécessaire. Nous avons formulé des demandes en ce sens auprès des autorités l’an dernier et cette année mais personne n’est revenu vers nous. Notre combat ne s’arrête pas là. Nous allons continuer de lutter pour que cela se concrétise. Ce qui s’est passé avec cet enfant de 10 ans démontre que cela aurait été nécessaire.» Elle a également eu la chance de côtoyer Janice Farman qui, dit-elle, «était une femme avec qui le courant passait dès la première rencontre. Elle dégageait une chaleur humaine. J’ai pleuré lorsque j’ai appris ce qui lui était arrivé. Notre association lui tenait vraiment à cœur»

 


 

L’Albion Neighbourhood Watch met les bouchées doubles 

 

Suite au meurtre de Janice Farman, une réunion a eu lieu entre les membres de l’Albion Neighbourhood Watch à 16h30, le samedi 8 juillet, au centre communautaire de Camp Créole. De nombreux points y ont été abordés, notamment le perfectionnement du système de night watch et la mise sur pied d’un groupe d’intervenants qui seraient prêts à réagir en cas de besoin et ce, à n’importe quelle heure, en soirée. «Après ce qui s’est passé, les habitants d’Albion – plus particulièrement les femmes – sont partagés entre la tristesse, la peur et la colère», explique Tony Ah Yu, responsable de l’Albion Neighbourhood Watch

 

Dans une lettre qu’il a adressée au Commissaire de Police, Tony Ah Yu a sollicité son aide pour régler les problèmes liés à la sécurité dans le village d’Albion. «Depuis plus d’une dizaine d’années déjà, suite au meurtre de Nadine Dantier, nous avions espéré et demandé l’installation des caméras CCTV dans des endroits stratégiques du village, comme c’est le cas à Flic-en-Flac», dit notamment la lettre. Mais rien n’aurait été fait jusqu’à présent. Par ailleurs, dit-il, alors qu’Albion aurait connu une augmentation de 800 % de sa population au cours des dix dernières années, le poste de police de la localité n’a pas suffisamment de ressources pour bien faire son travail. 

 

Enfin, fait-il ressortir dans sa lettre : «La Police de l’Environnement doit être bien plus sévère envers les propriétaires de terrains en friche qui facilitent la tâche des voleurs et autres agresseurs. Des terrains en friche rendent les patrouilles en voiture inefficaces car on voyait bien comment les voleurs, des fois au nombre de six dans Terre d’Albion, se couchaient dans les hautes broussailles pendant que la patrouille de police passait à côté sur le chemin.» Pour l’heure, il n’a pas obtenu de réponse. 

 

Les habitants d’Albion s’organisent également en vue d’une marche blanche prévue samedi prochain dans le village afin de rendre hommage à Janice Farman.