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Affaire Bet 365 : Ravi Yerrigadoo dans la tourmente, le MSM en plein malaise

L’ancien Attorney General affirme que toutes les allégations faites contre lui sont farfelues.

Depuis les révélations d’Husein Abdool Rahim et la démission de l’ancien Attorney General, les membres du parti de Pravind Jugnauth en auraient ras la casquette…

Ambiance tendue pour pot de départ. L’amertume coule à flots. Et les canapés ont un arrière-goût de déprime. Si Ravi Yerrigadoo est certain que sa démission forcée n’est «qu’un au revoir», ses potes de l’alliance gouvernementale broient du noir. L’ancien Attorney General a été invité à démissionner, cette semaine, par le Premier ministre Pravind Jugnauth (qui s’est, depuis, envolé pour l’United Nations General Assembly). 

 

Les allégations d’Husein Abdool Rahim concernant la tentative d’un montage financier illégal, détaillées par l’express et consignées dans un affidavit, ont mené à cette décision. Il a été remplacé par l’ancien magistrat Maneesh Gobin (voir hors-texte). Une énième tuile pour le MSM. Si ouvertement, les ministres et certains membres du parti ont fait part de leur tristesse quant au départ d’un des leurs, il y aurait une pointe d’agacement dans l’air. 

 

Que sir Anerood Jugnauth assure que le gouvernement n’est pas fragilisé à cause de cette affaire ne suffirait pas à faire taire le malaise ambiant. Il y a quelque chose dans l’air. Et ce n’est pas une tempête dans un verre de whisky, assure un conseiller orange : «Il est temps que Pravind Jugnauth redresse la barre et ramène ses dimounndans les rangs. Zot pe tro fane Il pensait que les incidents autour du Metro Express, à La Butte et Barkly, étaient la pire chose qui soit arrivée au gouvernement mais il avoue s’être trompé : «Les annexes de l’affidavit publiées dans la presse n’ont pas laissé de place au doute. Si c’est vrai ou pas, les gens s’en foutent.» Lui préférait le règne de SAJ. De loin : «On dirait que Pravind est frappé d’un mari soy.» 

 

Tentative de destabiliser ?

 

Pourtant, il ne compte pas quitter le navire, super fan du bonom qu’il est, pour l’instant : «Tant qu’il sera là, je serai là. Après, je ne sais pas.» Un membre du MSM, proche de Yerrigadoo, est sûr d’une chose ; toute cette affaire n’est qu’une tentative de déstabiliser le gouvernement : «Ça doit être quelque chose d’inventé. Ravi va sortir de cette histoire la tête haute. Il n’a rien fait. C’est quelqu’un d’intègre.»

 

Néanmoins, il sait que, pour l’instant, les semaines se suivent et se ressemblent en défaveur du gouvernement : «Il faut que les gens arrivent à ne pas faire le jeu des médias. Notre équipe travaille dur et bien pour le pays mais les journaux ne montrent que le négatif.» Excuse facile. Pour cacher le sentiment d’être dans un tram lancé droit dans le mur, à vive allure ? 

 

Cet ancien du MSM en est persuadé : «Ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! Même Pravind Jugnauth a l’air à bout. Bon, en même temps, quand on prend une équipe de bras cassés, on peut s’attendre à quoi ?» Au niveau du ML, on est en mode No Comment. Même ceux qui sont habitués à se laisser aller à quelques confidences préfèrent le silence. La situation n’est pas joyeuse en ce moment.«C’est comme ça quand on se retrouve sur un volcan», poursuit notre interlocuteur. 

 

Ambiance tendue lor baz

 


 

C’est quoi cette affaire ? 

 

Les protagonistes 

 

 

Husein Abdool Rahim, «joueur» professionnel à la personnalité controversée. Il serait impliqué dans plusieurs cas d’escroquerie. Cette semaine, une jeune femme qui serait son amie intime aurait porté plainte contre lui. Il lui aurait extorqué Rs 500 000. Le jeune homme parle, lui, de tentative d’intimidation. Il dit craindre pour sa sécurité. C’est lui qui a dénoncé l’affaire du Bet 365 (voir plus bas). Celui qui se présente comme un agent immobilier a juré un affidavit en 125 points, le mardi 12 septembre, impliquant, entre autres, Ravi Yerrigadoo. 

 

 

Sylvio Sundanum est directeur général de Dry Cleaning & Steam Laundry. Néanmoins, il a dû prendre un congé forcé de cette entreprise (une enquête interne a été ouverte). Comment connaît-il Husein Abdool Rahim ? Il se serait lié d’amitié avec le jeune homme lorsqu’ils fréquentaient, tous les deux, la salle de gym du Suffren. C’est Sylvio Sundanum qui aurait introduit Husein Abdool Rahim à l’avocat Dick Kwan Tat et à Ravi Yerrigadoo. Cette semaine, le manager a été convoqué par le Central Criminal Investigation Department (CCID). Une perquisition a eu lieu à son bureau et à son domicile. Lui dit que l’affidavit d’Husein Abdool Rahim ne contient que de «fausses allégations» : «La vérité va éclater. Et mon innocence sera prouvée.»

 

L’avocat Dick Kwan Tat, lors de sa convocation au CCID, a affirmé avoir simplement donné des conseils juridiques à Husein Abdool Rahim. Il a rejeté toutes les allégations portées contre lui. Notamment celles du jeune homme qui avance qu’il aurait assisté à une réunion avec l’ancien Attorney General pour discuter de la possibilité de blanchir de l’argent avec les paris en ligne.

 

Ravi Yerrigadoo a dû donner sa démission, cette semaine, suivant une requête du Premier ministre. L’ancien Attorney General aurait rencontré Husein Abdool Rahim grâce à Sylvio Sundanum qui est son ami et voisin. Dans l’affidavit du parieur «professionnel», il est question de toutes les démarches qu’auraient entreprises l’ancien Attorney General pour faciliter ce montage financier qui s’apparenterait à du blanchiment d’argent. Pour le membre du MSM, les allégations portées contre lui sont fausses. 

 


 

Quelle est l’intrigue (selon l’affidavit) ?

 

Un document de 125 points, des screenshots, des messages échangés : une foule d’informations qui doivent désormais être prouvées. C’est ce qu’a laissé Husein Abdool Rahim à ceux qui devront enquêter sur cette affaire. Zoom sur les points essentiels.  

 

Quel aurait été le plan ? Un montage financier dont le but était de blanchir de l’argent à travers la plateforme de jeu en ligne Bet 365. Comment ? En utilisant de faux reçus pour justifier l’argent présent sur les comptes utilisés. Ces sommes – dont la provenance n’a pas à être déclarée sur cette plateforme – pourraient ensuite être placées dans des comptes en banque à l’étranger. Selon Husein Abdool Rahim, c’était le plan de départ concocté avec Sylvio Sundanum (ils avaient discuté de la difficulté du jeune homme de retirer ses gains de son compte de Bet 365). 

 

Comment faire pour récupérer l’argent ? Il était nécessaire d’ouvrir des comptes à Dubaï et en Suisse. Et Sundanum et Rahim se seraient tournés vers l’ancien Attorney General pour que ce dernier les aide. 

 

Ce qui est «reproché» à Ravi Yerridagoo ? Qu’il aurait usé de son influence pour leur donner un coup de pouce dans le cadre de cette affaire. D’abord, en obtenant un variation order pour Rahim afin de lui permettre de voyager (alors qu’il était soumis à une objection to departure). Puis en écrivant une lettre pour faciliter les démarches bancaires de Rahim. Lettre qu’il a reconnue avoir écrite. Et finalement, il aurait donné des instructions claires pour aider à ce montage financier à travers des notes manuscrites (néanmoins, ce document n’a pas encore été authentifié). 

 

Pourquoi il a parlé ? Husein Abdool Rahim aurait subi des menaces de la part de Sylvio Sundanum car il aurait dilapidé l’argent disponible sur les comptes de Bet 365 et qu’il ne voulait pas rembourser. 

 


 

Maneesh Gobin : «Les circonstances sont particulières»

 

Pas très loquace, le nouvel Attorney General. Cette semaine, Maneesh Gobin a pris la décision de ne pas faire plus de commentaire que nécessaire. Celui qui a prêté serment à la State House, le jeudi 14 septembre, a fait une déclaration publique : «Le travail commence maintenant. Les circonstances sont particulières mais l’État doit continuer de fonctionner.» Puis il a décidé de se taire. L’accession de ce proche de Ravi Yerrigadoo au poste de ministre ne s’est sûrement pas fait comme il le souhaitait. Cet habitant de Curepipe, ancien magistrat et conseil juridique de l’ICAC, s’est lancé en politique lors des législatives de 2014. Il a été élu en tête de liste dans la circonscription n° 13 (Souillac/Rivière-des-Anguilles). Au MSM, son arrivée au Conseil des ministres a été bien accueillie.

 


 

À l’heure des points de presse

 

Une valse de commentaires. Ravi Yerrigadoo était au cœur des points de presse de ce samedi 16 septembre. 

 

Paul Bérenger :«Je trouve ce qui s’est passé choquant et écœurant. Un Attorney General donne une formal clearance dans une lettre à une personne qui est poursuivie pour swindling ? En tout cas, nous n’avons aucune confiance en la police ou l’ICAC.»

 

Alan Ganoo : «C’est grave ce que l’accusateur a mis dans son affidavit. Mais nous respectons la présomption d’innocence. Et nous espérons que l’enquête se fera en toute transparence et indépendance.»

 

Mamade Khodabaccus :«La question est : est-ce que Yerrigadoo a aidé un parieur à mettre en place une betting scam ?»

 

Étienne Sinatambou :«On ne peut pas parler de scandale. C’est prématuré. Laissons l’enquête suivre son cours.»