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Affaire BAI : Ces questions que vous vous posez

Le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, a délivré le permis d’opération de la National Commercial Bank à son président, Said Lalloo.

Elle soulève de nombreuses interrogations. Et pas seulement chez ceux qui sont directement concernés par la fermeture de la Bramer Bank et la mise sous contrôle de la BA Insurance.

Depuis la révocation de la licence de la Bramer Bank et le placement sous administration judiciaire du pôle assurance du groupe BAI, le paysage financier local connaît des mutations. Une «nouvelle» banque a vu le jour et la contestation s’est un peu tue (mais pas pour les investisseurs du Super Cash Gold). Cette affaire a également provoqué des remous sur la scène politique : un mini-séisme au sein du gouvernement entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et Xavier Luc Duval, des interrogations autour du rôle de l’Attorney General et du ministre de la Bonne gouvernance dans cette affaire, et la polémique concernant l’utilisation du terme Ponzi Scheme par le Premier ministre, entre autres.

 

Cette affaire a aussi alimenté les conversations et les théories du complot. S’agit-il d’une vendetta politique ? Comment se fait-il que le COO de la Bramer Bank occupe le poste de CEO à la National Commercial Bank ? Où étaient les instances régulatrices quand il s’agissait de contrôler le pôle assurance de la BAI ? Autant de questions que vous vous posez et qui appellent des réponses…

 

Pourquoi maintenant, pourquoi la BAI ?

 

Après le choc, la réflexion. Une semaine après la découverte du «scandale BAI», les réactions ne se font plus, tout à fait, à chaud. L’heure est aux interrogations et aux conclusions (parfois hâtives). Et il y a quelque chose qui turlupine Ranjeet, 52 ans, fonctionnaire : «Il y avait d’autres solutions, j’en suis sûr. Agir de cette façon-là n’était pas nécessaire. Je me demande s’il ne s’agit  pas d’une vengeance de l’actuel gouvernement.» Une sorte de vendetta politico-financière visant à faire tomber le bon ami de Navin Ramgoolam, Dawood Rawat.

 

Ce scénario, qui semble satisfaire certains membres de l’opposition, alimente de nombreuses conversations en ce moment. D’obscurs complots, de terribles raisons derrière la prise de position du gouvernement. De plus, le terme Ponzi Scheme, utilisé par sir Anerood Jugnauth, repris par le ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo, a provoqué une polémique car il est possible que ce ne soit pas le terme approprié pour définir la situation. Même les conservators de la Bramer et de la BAI ont préféré ne pas confirmer qu’il s’agit réellement d’un système de Ponzi.

 

Néanmoins, les autorités concernées ont mis les points sur les «i». Les mesures prises étaient nécessaires. Le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, s’est exprimé en ce sens lors de l’octroi du permis à la National Commercial Bank le vendredi 10 avril. Selon lui, «c’est faux de dire que c’est le gouvernement qui est à l’origine de ce mouvement».  

 

Le rôle de Roshi Badhain et de Ravi Yerigadoo ?

 

Le rôle du  ministre de la Bonne gouvernance et de l’Attorney General fait tiquer. Une lettre indiquant que Dawood Rawat souhaitait céder ses actifs pour une roupie symbolique, adressée à Roshi Badhain et Ravi Yerigadoo, sème le trouble dans les esprits. «Je me demande s’ils sont intervenus et s’ils ont eu des contacts avec Dawood Rawat ? Depuis l’affaire Dufry, c’est normal de s’interroger», confie Harish, trentenaire et patron de sa petite entreprise. Les révélations de
Me Yousouf Mohamed, avocat de Dawood Rawat, n’ont pas aidé à y voir plus clair : «Des menaces ont été proférées. Il était question d’arrestations et d’interrogatoires, entre autres.» Du côté du gouvernement, on assure que tout s’est passé dans la transparence et qu’il n’y a eu aucune tentative d’intimidation.

 

De COO à CEO : on prend les mêmes et on recommence ?

 

Ashraf Ismael, ancien Chief Operating Officer (COO) de la Bramer Bank, continue sa route dans le même établissement bancaire. Il a été nommé CEO de la National Commercial Bank (NCB). Une enquête est en cours. Comment va-t-il répondre aux questions tout en restant en place ? C’est ce que se demande Jean, 37 ans. Ce père de famille est employé dans une entreprise privée : «Il n’y a pas conflit d’intérêts là ? Une banque a des soucis, on en crée une autre… mais avec un des mêmes dirigeants. Ça ne fait pas trop sens, non ?»

 

Les autorités régulatrices pointées du doigt

 

Des signes, il a dû y en avoir ! C’est du moins ce qu’estime Sailesh, 23 ans. Le jeune homme, employé de banque, se demande comment la Banque de Maurice et la Financial Services Commission (FSC) n’ont pas vu venir les problèmes qui ont surgi à la Bramer Bank : «Je bosse dans une banque commerciale et chaque chose que l’on fait est strictement régulée. La Banque de Maurice nous surveille de près, de très près même. Alors, comment se fait-il que la Bramer en est arrivée là ?» Une question que ne se pose pas seulement Sailesh. Et qui ne concerne pas uniquement l’établissement bancaire. «Ils n’ont rien vu de ce qui se passait à la BAI. C’est étrange», estime Sharon, 45 ans, et femme au foyer.

 

Du coup, la FSC s’est trouvée dans l’obligation de publier un communiqué, cette semaine, pour répondre à certaines allégations. Selon la FSC, la BAI Co. (Mauritius) Ltd n’est jamais passée entre les mailles du filet. L’entreprise a fait l’objet d’une étroite surveillance : «Since the promulgation of the Insurance Act 2005 introducing the Capital Adequacy Requirements, which impacted the whole insurance industry, the FSC Mauritius has been closely monitoring BAI’s related party transactions and intimated BAI to restructure its investments.»

 

La résistance s’organise 

 

Selon la Banking Act, la Bramer Bank avait un délai de sept jours pour contester la révocation de sa licence. C’est ce qu’elle a fait cette semaine. Désormais, la direction de cette banque en receivership doit attendre un retour de la Banque de Maurice qui peut décider de lui rendre sa licence ou de maintenir sa décision. Si la BoM campe sur ses positions, Me Yousouf Mohamed n’exclut d’entamer une action en Cour suprême.

 

Naissance de la National Commercial Bank

 

Ça y est ! La National Commercial Bank a vu le jour. Elle a obtenu son permis d’opération le vendredi 10 avril et commencera à opérer demain, lundi 13 avril. Elle remplace ainsi la Bramer Bank et le gouvernement y injectera Rs 200 millions. Une Signature of Agreement a eu lieu hier, samedi 11 avril, entre les receivers de la Bramer Bank et la National Commercial Bank au ministère des Finances.

 

Super Cash Back Gold : la lumière au bout du tunnel ?

 

Ils y ont mis toute leur épargne. De l’argent économisé pendant de longues années de travail. Et aujourd’hui, ils sont dans le flou. Est-ce que ceux qui ont investi dans le plan Super Cash Back retrouveront leurs investissements ? Pour l’instant, rien n’est sûr. Mais tout n’est pas perdu. Une équipe du ministère des Services financiers cherche actuellement une solution pour que ces personnes ne perdent pas tout leur argent. Néanmoins, les principaux concernés ont décidé de riposter : une marche de protestation est prévue dans les rues de la capitale, demain, lundi 13 avril. Il est également question de déposer une plainte en Cour contre l’État et la Financial Services Commission. Me Vedakur Sharma Rampoortab et son épouse ont déjà adressé une mise en demeure cette semaine.