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Adarshee, 13 ans, meurt d’un œdème cérébral aigu | Sa mère : «Je veux savoir comment elle a fait une overdose»

Mère et fille étaient très complices.

Cette affaire interpelle au lendemain de la commémoration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues… Si selon un médecin, l’adolescente serait morte après avoir fait une overdose, sa mère s’interroge : Adarshee a-t-elle pris de la drogue après avoir été influencée par quelqu’un d’autre ? Comment une enfant modèle en est-elle arrivée là ? Neera Panchoojeenah a consigné une déposition à l’encontre d’une «connaissance» qui l’hébergeait et qu’elle soupçonne d’être pour quelque chose dans la descente aux enfers de sa fille. Elle revient sur les jours qui ont précédé le départ tragique d’Adarshee…

Elle a la voix cassée, les traits tirés, les yeux cernés, à force d’avoir pleuré. Neera Panchoojeenah est brisée. Sa fille Adarshee, celle-là même qui avait d’ambitieux projets d’avenir à seulement 13 ans, a poussé son dernier soupir vers 5 heures, le mercredi 27 juin, aux soins intensifs de l’hôpital de Pamplemousses. Le rapport d’autopsie indique que l’adolescente a rendu l’âme après avoir été victime d’un œdème cérébral aigu causé par «une overdose».

 

Depuis, la colère et les interrogations se sont mêlées à la tristesse et la douleur… «Je veux savoir comment ma fille a fait une overdose», lâche-t-elle. Adarshee a-t-elle pris de la drogue après avoir été influencée par quelqu’un d’autre ? Les personnes chez qui sa fille et elle ont élu domicile il y a quelque temps, à Petite-Rivière, y sont-elles pour quelque chose ? Face au doute, Neera Panchoojeenah, 38 ans, a consigné une déposition au poste de police de Rose-Belle, dans laquelle elle accuse une «connaissance» et la fille de cette dernière, également âgée de 13 ans, d’être responsables de la mort d’Adarshee.

 

Des accusations que récuse la «connaissance» en question. «Je n’ai rien à me reprocher. Je ne ferai pas de commentaire. Je dirai tout ce que j’ai à dire à la police», nous a-t-elle déclaré. Elle a également fait une déposition au poste de police de La Tour Koenig à l’encontre de Neera Panchoojeenah. Cette dernière, elle, ne cesse de se remémorer les jours qui ont précédé la mort de sa fille.

 

Adarshee se retrouve à l’hôpital de Rose-Belle dans la soirée du lundi 18 juin, après avoir fait «une crise», raconte sa mère. «Il était 23 heures. Nous étions déjà au lit chez une connaissance à Petite-Rivière. Son corps était tendu. Je l’ai alors emmenée à l’hôpital Jeetoo où le personnel soignant a insisté pour l’admettre d’urgence. J’ai toutefois pris la décision de la conduire à celui de Rose-Belle qui était plus accessible pour mon ex-époux qui habite à Union-Park.»

 

Une fois à l’hôpital de Rose-Belle, l’adolescente est placée sous observation. Il est alors aux alentours de 2h45. Adarshee est inconsciente à ce moment-là, selon sa mère. Cette dernière croit alors qu’elle est anémique. «C’était la deuxième fois. Ses règles étaient douloureuses et abondantes. Je croyais que c’était à cause de cela qu’elle se trouvait dans cet état-là.» Mais le personnel soignant aurait, lui, diagnostiqué qu’Adarshee est dans une acute confusion state of depression, selon une source policière. Un médecin finit par expliquer à Neera – maman de deux autres enfants, une fille et un garçon – qu’Adarshee a fait «une overdose». Le personnel soignant lui fait alors un lavement et vers 5h45, la jeune fille est admise en salle.

 

Neera, Guest Relations Officer de profession, retrouve sa fille le lendemain, dans l’après-midi, durant les heures de visite. «Elle avait repris connaissance mais était dans un état fébrile ; elle nous demandait ce qui lui était arrivé. Le personnel soignant l’avait attachée au lit. Ce n’est qu’après qu’on a su qu’elle avait eu d’autres crises. Son état s’était légèrement amélioré le lendemain matin. Selon mon ex-époux, elle n’était pas sous perfusion et n’était pas attachée. Dans l’après-midi, elle s’est assise et m’a demandé de préparer du riz et des ‘‘lalo’’. On a tous cru qu’elle allait rentrer à la maison», confie Neera.

 

Impuissante

 

Les heures de visite arrivent à leur fin lorsque l’adolescente fait une nouvelle crise. Sa mère assiste, impuissante, à la scène. D’autres proches, dont son ex-époux et ses enfants, sont également présents. «Ma fille a été placée sous respiration artificielle. Un membre du personnel soignant nous a ensuite demandé de sortir. On a appris, par la suite, qu’elle a fait d’autres crises dans la soirée. Un médecin spécialiste avait alors demandé à nous rencontrer, mon ex-époux et moi, le lendemain matin», raconte Neera. La raison : Adarshee doit faire des examens à l’hôpital psychiatrique. Neera et son ex-mari Sujit, 44 ans et employé comme chauffeur chez un tour-opérateur, approuvent la démarche. Sauf que l’adolescente ne peut être transportée à Beau-Bassin. Selon un membre du personnel soignant, elle n’est pas en état de voyager. Adarshee effectue donc les tests nécessaires à l’hôpital de Rose-Belle. Mais en la rendant visite vers 15h30, Neera et Sujit retrouvent leur fille dans un état second.

 

«Elle était de nouveau attachée. Elle insultait sans cesse son père en présence de ma fille aînée et de mon fils. Elle parlait de façon saccadée. À un certain moment, elle a enlevé sa perfusion. Le personnel soignant a dû lui administrer un calmant. Le vendredi 22 juin, vers 10 heures, elle a été transférée à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Pamplemousses faute de place à celle de Rose-Belle», se souvient Neera. Mais aussi parce que l’état de santé de sa fille devenait inquiétant.

 

Dans l’après-midi, Neera et sa fille aînée retrouvent de nouveau Adarshee dans un état second. «Elle n’a pu nous parler. Elle éprouvait également des difficultés à ouvrir les yeux. Le lendemain, elle se portait un peu mieux. Elle m’a dit qu’elle m’aimait. Elle a toutefois fait une nouvelle crise après avoir insulté, une nouvelle fois, son père. Un infirmier a assisté à toute la scène. Ce dernier est alors intervenu en la plaçant sous respiration artificielle.» Le dimanche 24 juin, la situation s’aggrave. «Le personnel soignant a dû lui faire un massage cardiaque pour ramener ma fille à la vie. On a tous cru qu’elle allait s’en sortir à nouveau mais elle est restée dans le coma le jour suivant», confie Neera, des émotions dans la voix. L’adolescente rend l’âme trois jours plus tard…

 

Complices

 

Comment en est-elle arrivée là ? Se demande notre interlocutrice. Depuis son divorce en 2014, cette dernière a déménagé à Rose-Belle, puis à Vacoas, où elle louait une maison avec sa fille aînée et Adarshee. Le fils, lui, vit avec son père, remarié et papa d’une fillette. En décembre, la sœur d’Adarshee le rejoint. Suivie d’Adarshee fin avril.

 

Neera, elle, s’apprête à prendre de l’emploi sur un bateau de croisière. Le départ est prévu pour juillet. Elle décide alors d’arrêter la location et est accueillie chez une «connaissance» à Petite-Rivière. Cette dernière, en instance de divorce, est maman d’une fille et d’un garçon qui venaient lui rendre visite le week-end, explique Neera. «Les deux vivaient avec leur père, un policier, à Pointe-aux-Sables.»

 

Début mai, Adarshee insiste pour rejoindre sa mère avant qu’elle ne s’en aille. Et c’est là qu’aurait commencé sa descente aux enfers. «Ma fille et l’autre adolescente se sont très vite liées d’amitié. Elles sont devenues très complices. Je soupçonne cette autre adolescente d’avoir eu une mauvaise influence sur Adarshee», avance Neera.

 

D’ailleurs, allègue-t-elle, l’adolescente en question serait «incontrôlable» selon son père. Neera, de son côté, décide de prendre les choses en main. Elle inscrit Adarshee, l’autre adolescente et son frère à des cours de karaté, dans l’espoir d’un nouveau départ.

 

Les deux adolescentes, elles, se rapprochent davantage. «J’ai déjà surpris l’autre fille dans un état second. Sa mère était vite intervenue pour la conduire dans une chambre. Une autre fois, elle a commencé par insulter tout le monde», se souvient Neera.

 

Le vendredi 15 juin, elle soupçonne cette fois Adarshee d’avoir consommé quelque chose. Selon sa mère, ce serait contre son gré. L’autre adolescente, elle, n’était pas à la maison. «Sa mère l’avait fait admettre à l’hôpital. Elle a simplement dit qu’elle avait un problème à la tête. Ma fille est également tombée malade ce jour-là. Elle était fiévreuse», se remémore difficilement Neera.

 

L’autre adolescente est de retour à la maison le lendemain. «C’était un samedi. Le lendemain, nous sommes tous partis à la mer pour changer d’air. Mais lundi matin, toutes les deux se sont absentées du collège, prétextant qu’elles étaient fatiguées. Dans la soirée, ma fille a dû être transportée à l’hôpital Jeetoo.» Et la suite n’est que tristesse et déchirement. Adarshee a rendu l’âme à la fleur de l’âge.

 

Malgré la douleur, Neera s’accroche aux bons souvenirs. Comme ceux de la détermination de sa fille, qui aurait fêté ses 14 ans le 19 novembre, et qui caressait le rêve de devenir hôtesse : «C’est après avoir fait un voyage à Dubaï, en 2014, qu’elle a décidé d’en faire son métier. Elle avait déjà commencé à prendre des cours d’Arabe car elle voulait travailler pour Emirates. Elle était également très pieuse.»

 

Alors comment un enfant aussi modèle a pu mourir de façon aussi tragique ? Adarshee a laissé derrière elle ce mystère…

 


 

Sujit, le père d’Adarshee : «Je laisse le soin à la police d’enquêter»

 

Sa voix en dit long sur sa souffrance. Sujit Babooram, le père d’Adarshee, regrette la disparition subite de cette dernière. Les allégations formulées par son ex-femme à l’effet que sa fille aurait été droguée contre son gré ne laissent toutefois pas insensible cet homme de 44 ans : «Je laisse le soin à la police d’enquêter. On veut tous connaître les circonstances entourant le décès tragique de ma fille. Je veux que la police nous aide à connaître la vérité. Les résultats des analyses et les prélèvements seront déterminants dans cette affaire. Ma fille a toujours joui d’une excellente santé. Elle était également très pieuse. Je peux vous dire qu’elle n’a jamais touché à une cigarette ou à une boisson alcoolisée lorsqu’elle était chez moi. Je m’occupais personnellement du bien-être de mes enfants, même si certains disent le contraire. Ma fille serait peut-être toujours vivante si elle était restée chez moi.»