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Accusation d’abus sexuel sur un adolescent : Le Vatican interdit au père Moctee «tout contact avec des mineurs»

Quand l’affaire éclate en 2015, les parents (photo) de la présumée victime nous avaient reçus pour nous raconter le «traumatisme» de leur fils.

Au moment où les prêtres à l’international sont impliqués dans des scandales sexuels, un prêtre mauricien vient d’être sanctionné par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à Rome. Cette instance interdit au père Joseph-Marie Moctee d’exercer «quelque ministère que ce soit avec des mineurs et d’entretenir quelque contact que ce soit avec des mineurs». Ce dernier fait l’objet d’un procès en Cour intermédiaire pour abus sexuel sur mineur pour une affaire qui remonte à 2015.

Les scandales d’abus sexuel impliquant des prêtres ne cessent d’ébranler l’Église catholique depuis ces dernières années, dans le monde. Pas plus tard que le 12 octobre, de nombreux médias internationaux écrivent que l’archevêque américain Donald Wuerl a démissionné. La raison : il est accusé d’avoir été au courant des actes de pédophilie commis par l’ex-cardinal Theodore McCarrick. Et quelques mois plus tôt, Le Télégramme évoquait la suspension de 14 prêtres au Chili, qui seraient impliqués dans un scandale d’abus sexuels. Et l’île Maurice n’est pas épargnée…

 

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), à Rome, a récemment interdit au père Joseph-Marie Moctee d’exercer «quelque ministère que ce soit avec des mineurs et d’entretenir quelque contact que ce soit avec des mineurs», suivant les allégations d’abus sexuel sur mineur dont il fait l’objet depuis 2015. Et s’il ne respecte pas les recommandations de la CDF, le prêtre mauricien risque des peines ultérieures suivant l’application de l’article 1393 du Code de droit canonique

 

Le père Joseph-Marie Moctee, prêtre du diocèse de Port-Louis, fait actuellement l’objet d’un procès en Cour intermédiaire pour une affaire d’abus sexuel sur mineur qui a éclaté en 2015. À l’époque, il officie à Case-Noyale et Chamarel. En avril de cette année-là, un habitant de l’Ouest, alors âgé de 15 ans, porte plainte à la police, accusant le prêtre de lui avoir fait subir des attouchements sexuels à la cure de Ste-Anne, à Chamarel. Ce dernier est alors arrêté sous une charge provisoire d’agression sexuelle sur mineur. Mais il nie les accusations portées contre lui. Il retrouve la liberté après avoir fourni une caution de Rs 10 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 25 000.

 

De son côté, le diocèse de Port-Louis décide de l’éloigner de sa paroisse. «Nous sommes profondément bouleversés par ces événements (…)  L’Église s’engage pour que la vérité soit faite et la justice rendue», indique alors un communiqué de l’évêché. Le père Moctee, quant à lui, est assigné à résidence à l’hospice des Frères de St Jean de Dieu à Pamplemousses, avec la responsabilité d’aumônier à l’hôpital du Nord.

 

Enquête interne

 

En parallèle, le père Jean Maurice Labour a la responsabilité d’ouvrir une enquête interne. Toutes les parties concernées par cette affaire sont ainsi entendues par le vicaire général du diocèse de Port-Louis. Et peu après, le cas est référé à la CDF, à Rome. Avant que cette instance ne prenne la décision d’interdire au père Moctee d’exercer «quelque ministère que ce soit avec des mineurs et d’entretenir quelque contact que ce soit avec des mineurs».

 

Contacté au sujet de la décision du CDF, l’avocat du père Moctee, Me Bernard Marie, a laissé entendre que son client ne souhaite pas faire de commentaire. Pour sa part, il se dit surpris par la décision du diocèse de Port-Louis : «Cette affaire est toujours en cours. Le procès devait reprendre ce lundi 22 octobre mais l’avocate de la partie adverse a demandé un renvoi car son client est actuellement en examen. Je trouve cela étonnant que Rome décide de sanctionner mon client alors qu’il n’a pas encore été jugé par la justice.» En effet, le père Joseph-Marie Moctee bénéficie toujours de la présomption d’innocence.

 

Quant à celui qui l’accuse, Ludovic*, il a aujourd’hui 18 ans. Au moment des faits, il n’en avait que 15 et était servant d’autel. Et c’est un jeune homme brisé qui s’était alors confié à ses parents. «Nous avons eu un choc lorsque notre fils nous a fait ces révélations. Il ne peut pas avoir inventé une telle histoire. Il était tellement peiné lorsqu’il nous a raconté ce qu’il avait subi. Il a pleuré, hurlé presque, tellement il avait mal. On ne l’avait jamais vu dans cet état. Notre fils est complètement brisé», racontent ses parents dans une édition de 5-Plus dimanche datée de 2015.

 

Selon leurs dires, les faits se seraient produits le samedi 25 avril. Ludovic aurait été invité à passer la soirée chez le père Moctee avec un de ses camarades, également servant d’autel. Malgré l’objection de son père, l’adolescent persiste à se rendre chez le prêtre qui passe le récupérer en voiture. Après leur arrivée à la cure, le religieux leur aurait préparé à dîner. Mais la soirée de Ludovic aurait viré au cauchemar, peu après. «Mon fils était dans une chambre avec son ami. Il était sur un matelas posé au sol, recouvert d’une couette alors que son ami était sur un lit. Ils regardaient une comédie locale sur un ordinateur lorsque le prêtre les aurait rejoints. Ce dernier s’est installé sur le matelas avec lui et s’est glissé sous la couette. Il a commencé à le caresser. Pris de panique, mon fils n’a pas su quoi faire. Il est resté là, paralysé par la peur», raconte la mère de Ludovic.

 

Quelques minutes plus tard, lorsque l’ami de Ludovic se rend aux toilettes, ce dernier l’aurait suivi «pour ne pas se retrouver seul avec le prêtre», explique sa mère. «Mais là aussi, il les a suivis. Et lorsque l’ami de mon fils avait fini, Ludovic y est allé à son tour. Le prêtre est alors entré dans la pièce et a demandé à mon fils de le caresser. Il lui a dit non et l’a repoussé».

 

Traumatisé, l’adolescent n’aurait pas fermé l’oeil cette nuit-là mais décide de garder ce lourd secret. De retour chez lui, le lendemain, Ludovic ne laisse rien transparaître, selon sa mère. Mais tout change au bout de deux semaines. Ludovic ne veut plus se rendre à la messe ni à ses leçons particulières. Rongé par la culpabilité et la honte, l’adolescent décide finalement de tout raconter à un cousin, âgé de 14 ans. C’était le 30 mai 2015. Ce dernier lui conseille alors d’en parler à ses parents.

 

Révélations

 

Mais Ludovic s’isole. Il ne parle pas, ne sort pas et cesse toute activité. «Nous étions très inquiets de le voir dans cet état. Nous l’avons questionné à maintes reprises. Il nous a dit qu’il ne pouvait pas en parler, qu’il n’y avait que son cousin et lui qui savaient ce qui se passait et qu’il préférait en parler au psy de son collège. Mais j’ai insisté pour qu’il nous dise ce qui n’allait pas. Il s’est finalement confié avec beaucoup de difficulté», nous confie son père.

 

En entendant les révélations de leur fils, les parents sont horrifiés. Ils prennent alors conseil auprès d’un ami prêtre qui leur propose de se tourner vers l’évêché. «L’évêque nous a accueillis, nous a écoutés et a averti la Child Development Unit», explique la mère de l’adolescent. La police est également alertée. Le dossier de l’enquête est ensuite envoyé au bureau du Directeur des poursuites publiques qui a conclu qu’il y avait suffisamment de matière pour intenter un procès en Cour intermédiaire au père Moctee. En attendant une décision de cette instance, Rome a décidé de sanctionner le prêtre mauricien. Un nouveau scandale sexuel qui vient ébranler l’Église catholique…

 


 

Le pape François condamne la pédophilie

 

«Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités.» C’est ce qu’a déclaré le pape François dans une lettre diffusée par le Vatican, après un scandale impliquant 300 prêtres accusés de pédophilie en Pennsylvanie, au nord-est des États-Unis.

 

Le souverain pontife condamne ainsi avec force la pédophilie. Il assure «rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées».

 

Le souverain pontife appelle également les catholiques à se mobiliser pour «dénoncer tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne».